Politique française en Afrique : 10 questions aux candidats de la présidentielle

Revue de presse

Analyse par les journalistes des programmes Afrique des candidats à la présidentielle en France:

Après l’élection d’Emmanuel Macron:

RFI, 9.5.17 : interview Jules-Armand Aniambossou par

Le Monde, 8.5.17 : interview Lionel Zinsou par Olivier de Souza à Cotonou

RFI 8.5.17 : politique africaine du président français Emmanuel Macron

RFI 8.5.17 : interview Antoine Glaser par Juan Gomez sur Macron

Jeune Afrique 8.5.17 : Macron et l’Afrique : connexions africaines : stratèges (militaires), experts politiques, économistes, candidats aux législatives d’origine africaine, parrains.

2nd tour

, JA 5.5.17 : Emmanuel Macron, ENA, Afrique d’En marche!

, JA 5.5.17 : à quoi ressemblerait la politique africaine d’Emmanuel Macron ?

Relafrica 2017 , 4.5.17 : Un second tour Macron – Le Pen sous le sceau de la françafrique

Christophe Boisbouvier et Nathalie Amar, RFI 4.5.17 : Macron – Le Pen: quel programme pour l’Afrique ? (synthèse interviews 2+3.5.17 et courte analyse)

Christophe Boisbouvier, RFI 2+3.5.17 : 2 interviews Louis Aliot (FN) : pour l’Afrique, la fin de la Françafrique et Renaud Dutreil (En marche!) : Macron veut «une solide politique de codéveloppement avec l’Afrique»

Jeune Afrique avec AFP, 2.5.17 : Marine Le Pen : 0,7% du PIB à « la coopération avec l’Afrique »

2.5.17, France 24, vidéo à 2min10 : Marine Le Pen invité par membres diaspora congolaise + équipe Macron à Paris avec Lionel Zinsou et Fodé Sylla + RMC vidéo soirée Paris Marine Le Pen

RFI, 24.4.17: Présidentielle 2017: Marine Le Pen, Emmanuel Macron et l’Afrique

1er tour

Le Point, , Agnès Faivre, Joséphine Johnson  21.4.17 : 3 interviews : Aurélien Lechevallier pour En Marche !, Louis Aliot pour FN, Patrice Finel pour France Insoumise + François Fillon : sa vision de l’Afrique

 , Jeune Afrique, 14.4.17 : interview Emmanuel Macron : « J’agirai en Afrique en toute transparence, loin des réseaux de connivence »

Laurence Caramel, Le Monde Afrique, 13.4.17 : 5 interviews :

Jean-Luc Mélenchon   « Nous combattrons le fléau de la prédation ultralibérale qui s’abat sur l’Afrique », Emmanuel Macron   « Je veux mobiliser plus de financements pour les PME africaines », Marine Le Pen   « L’aide à l’Afrique, seul rempart contre l’immigration massive » , Benoît Hamon   « En Afrique, notre place est aux côtés des mouvements citoyens », François Fillon   « J’accompagnerai nos entrepreneurs dans leur déploiement en Afrique »

Agnès Faivre, Le Point Afrique, 10.4.17 : France – Présidentielle 2017 : que réservent-ils à l’Afrique ?, 3.4.17 : Aide au développement : quel candidat a le meilleur programme ?

Fabien Leboucq, Christophe Boisbouvier, RFI, 7.4.17 : Les propositions pour l’Afrique des candidats à la présidentielle française

, Jeune Afrique, 23.3.17 : Présidentielle française : le baromètre africain des candidats à l’Élysée

Voir aussi la Newsletter du site ‘relafrica2017’:

#5 Macron, ou la diplomatie du tout business, #4 Le Pen : au nom de la langue de Molière, #3 Jadot : la caution écologique de Benoît Hamon en Afrique, #2 Mélenchon : le candidat de la société civile africaine ?

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Politique française en Afrique

10 questions aux candidats de la présidentielle des 23 avril et 7 mai 2017

Envoi du questionnaire le 19 décembre 2016.

Date limite de réponse : 9 mars 2017

Au lieu du 9 février 2017 comme prévue le 19.12.16, et du 28 février 2017 comme prévu le 14.2.17. Les réponses qui devaient être publiées le 10 février puis le 1er mars ont été publiées le 10 mars, après réception de toutes les réponses attendues, la priorité étant de publier toutes les réponses simultanément.

Un seul candidat, M. Mélenchon, ayant fourni un résumé des propositions en moins de 100 caractères, le tableau comparatif qui devait en découler à été supprimé. Le tableau résumé se trouve avec le texte complet de France insoumise.

  1. Front National : Marine Le Pen
  2. Debout la France : Nicolas Dupont-Aignan
  3. En marche : Emmanuel Macron
  4. Parti Socialiste : Benoît Hamon
  5. France Insoumise : Jean-Luc Mélenchon
  6. Europe Ecologie les Verts : Yannick Jadot

Les réponses sont à envoyer en format électronique (.doc(x)), de préférence sous deux formes

  • tableau ‘résumé’ à 200 caractères par question (.doc ou excel directement)
  • et texte de taille libre pour chaque question,

Elles seront publiées intégralement et sans ajout de commentaires le 10 mars (au lieu du 10 février 2017) sur le site du Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique.

Le questionnaire a été envoyé le 19 décembre 2016 aux candidat-e-s suivant-e-s :

    • Front National : Marine Le Pen (8.2.16)
    • Debout la France : Nicolas Dupont-Aignan (15.3.16)
    • Les Républicains + Parti chrétien-démocrate (PCD) + Centre national des indépendants et paysans (CNIP) + Union des démocrates et indépendants (UDI) : François Fillon (27.11.16)
    • La France qui ose : Rama Yade (21.4.16)
    • Modem : François Bayrou (décision d’ici début février, 12.16) : réponse sera publiée si candidat
    • En marche : Emmanuel Macron (16.11.16)
    • Primaire ‘des gauches et des écologistes’ Belle Alliance populaire 22 et 29 janvier 2017 (liste 17.12.16) : 4 Parti Socialiste : Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Vincent Peillon + 3 : Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate), François de Rugy (Parti écologiste), Sylvia Pinel (Parti radical de gauche + Génération écologie). Le questionnaire est envoyé aux 7 candidats et une seule réponse sera publiée, celle du gagnant de la primaire. (29.1.17)
    • Europe Ecologie les Verts : Yannick Jadot (7.11.16)
    • Parti de gauche + Nouvelle Gauche socialiste + Ensemble + Parti Communiste Français (26.11.16) (France Insoumise) : Jean-Luc Mélenchon (10.2.16)
    • Nouveau Parti anticapitaliste : Philippe Poutou (20.3.16)
    • Rassemblement pour la démondialisation : Jacques Nikonoff (29.5.16)

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Questionnaire :

  1. Vingt-sept ans après la fin de la guerre froide et le début de la fin des partis uniques, quel est, selon vous, l’état d’avancement de la démocratisation de l’Afrique ? A ce stade, comment la diplomatie française doit-elle considérer les pays sans alternances de président et de parlement?
  1. Quel est votre position sur les processus électoraux contestés et les inversions de résultat présumés ? Quels moyens proposez-vous pour que s’améliore la qualité technique des processus électoraux en Afrique ?
  1. Quelles sont vos priorités concernant l’action de l’armée française en Afrique ? L’armée française doit-elle avoir dans ses missions d’aider à la progression de l’Etat de droit ?
  1. Quelles doivent être les priorités de la politique de l’Union européenne en Afrique ? Cette politique est-elle aujourd’hui suffisamment définie ?
  1. Que proposez-vous de faire concernant l’agriculture, l’environnement et le climat en Afrique ?
  1. Comment concevez-vous le développement en Afrique ? Quelle doit être la place de l’Aide publique française et européenne ? Quelle est votre position sur les Accords de partenariat économique (APE) ?
  1. Que proposez-vous en matière de Responsabilité sociale des entreprises (RSE), de transparence des contrats, de respect des droits humains par les entreprises, de commerce équitable ?
  1. Quelles propositions faites-vous pour favoriser la souveraineté monétaire en Afrique ?
  1. Quelle politique migratoire française et européenne proposez-vous ? Quel doit être le lien entre cette politique et l’ensemble de la politique française et européenne en Afrique ?
  1. Comment voyez-vous le rôle de la francophonie ? Quelle place accordez-vous aux échanges interculturels entre France et Afrique ?

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REPONSES

publiées le 10 mars 2017

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Réponse en format ‘intrégral’ de taille libre :

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1. Front National : Marine Le Pen

(Réponse reçue le 28.02.17)

LES BASES D’UNE NOUVELLE RELATION ENTRE LE PEUPLE AFRICAIN ET FRANCAIS.

 

1- Vingt-sept ans après la fin de la guerre froide et le début de la fin des partis uniques, quel est, selon vous, l’état d’avancement de la démocratisation de l’Afrique ?

L’état d’avancement de la démocratisation est très différent selon les Etats. Au nord, se situe le glacis maghrébin (Royaume du Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Égypte). L’espace ouest-africain se caractérise par une démocratisation en trompe l’œil sur fond de l’influence des confréries islamiques soufis. Seuls le Sénégal, le Ghana et le Bénin sont en voie de réelle démocratisation. Le Burkina Faso, le Nigéria et la Gambie se sont également invités au club des démocraties. L’Afrique centrale est quant à elle exclusivement composée de dictatures, à l’exception de la RCA et Sao Tomé. La démocratisation de la zone devrait passer par la chute de certains dictateurs. Kinshasa et Brazzaville pourraient alors devenir une base pour la démocratie dans la région. L’Afrique de l’est : Somalie, Somaliland, Éthiopie, Soudan, Soudan du Sud, Djibouti, Érythrée, Kenya, Tanzanie, Rwanda, Burundi, Ouganda voient se conjuguer autorité politique et capitalisme économique. Il n’y a que la Tanzanie qui joue réellement le jeu de la démocratie. Le Kenya souffre de tensions ethniques qui ne se résolvent pas et d’une menace terroriste forte à sa frontière somalienne. L’Afrique australe (Zambie, Mozambique, Zimbabwe, Malawi, Namibie, Botswana, Lesotho, Swaziland, Afrique du Sud et Angola) est un espace économiquement fort mais qui subit des tensions. Dans cet espace le Botswana, la Namibie et le Malawi sont de véritables démocraties. Le Mozambique est au bord de la guerre civile et le Zimbabwe subit une féroce dictature depuis 1985. L’Afrique du Sud souffre de graves divisions depuis 1994 et d’épisodes de violences électorales répétés. Cependant, la situation semble se rééquilibrer avec la montée en puissance d’une opposition à travers le DNA.

 

2- A ce stade, comment la diplomatie française doit-elle considérer les pays sans alternances de président et de parlement ?

Le problème n’est pas tant l’alternance. L’alternance ne changera rien si le mode de gestion de l’État demeure le même. De la même manière une tendance politique peut très bien, pendant un certain temps, donner entière satisfaction au peuple, seul juge. L’action de la France avec ses pays partenaires doit se faire dans le respect des valeurs qu’elle défend. La France devra tenir compte des rapports qui existent entre gouvernants et gouvernés sans soutenir des dirigeants qui, par leurs politiques, maltraitent leurs populations.

 

3- Quel est votre position sur les processus électoraux contestés et les inversions de résultat présumés ?

Dorénavant, nous devons intégrer le fait que l’amitié franco-africaine ne concerne pas les dirigeants politiques, mais les peuples. Les patriotes de tous les pays devraient se rassembler. Par ailleurs, la France ne devrait pas soutenir des pratiques qu’elle n’accepterait pas sur son territoire.  L’État de droit et la démocratie sont des préalables au développement harmonieux d’une société. La France doit inciter les États partenaires à faire preuve de transparence en les accompagnant dans la mise en place de mécanismes de contrôle favorisant des élections libres et transparentes.

 

4- Quels moyens proposez-vous pour que s’améliore la qualité technique des processus électoraux en Afrique ?

Les processus électoraux en Afrique sont très diversifiés. Néanmoins, la France peut jouer un rôle important là où le processus électoral est source de tensions, comme récemment au Congo Brazzaville, ou sévit une violente crise née des dernières échéances électorales. Il faut imposer la présence d’observateurs indépendants, issus de la société civile, dans tous les bureaux de vote et leur fournir les moyens de sensibiliser les populations et la classe politique. Il convient également de promouvoir des accords de partenariat entre les médias locaux et les grands médias français afin de relayer en temps réel les informations recueillies.

 

5- Quelles sont vos priorités concernant l’action de l’armée française en Afrique ?

La priorité est la protection des populations et la lutte contre le terrorisme en partenariat avec les pays africains.

 

6- L’armée française doit-elle avoir dans ses missions d’aider à la progression de l’État de droit ?

La France a intérêt à promouvoir la liberté et le développement des peuples au détriment d’intérêts personnels.

 

7- Quelles doivent être les priorités de la politique de l’Union européenne en Afrique?

Le véritable frein à la démocratie et au décollage économique de l’Afrique est la situation en Afrique centrale. Il faut progressivement supprimer le franc CFA et mettre en place un nouveau modèle. La promotion de la paix, de l’éducation, de la santé, du développement durable et le développement économique sont des priorités absolues.

 

8- Cette politique est-elle aujourd’hui suffisamment définie ?

L’Europe est très ambiguë dans ses décisions et ses choix concernant l’Afrique.
Son soutien à certains dictateurs et sa politique à géométrie variable selon les richesses sont extrêmement nuisibles pour l’Europe et pour l’Afrique. Cette politique crée de nombreuses frustrations et inégalités qui favorisent la corruption et la pauvreté, conduisant à l’immigration de masse.

 

9- Que proposez-vous de faire concernant l’agriculture, l’environnement et le climat en Afrique ?

Concernant ces questions, l’idéal serait de suivre les recommandations de la COP21, ratifiées par tous les pays. Il faut également soutenir les dynamiques locales et promouvoir des partenariats commerciaux libres. Enfin, il est nécessaire de promouvoir l’autosuffisance alimentaire et de financer le recyclage local des déchets.

 

10- Comment concevez-vous le développement en Afrique ?

La principale condition du développement de l’Afrique est la mise en place d’une véritable démocratie adaptée aux us et coutumes locales. L’Afrique est une page vierge en matière d’aménagement et d’administration publique. Il est ainsi possible de créer à moindre frais des États s’appuyant sur le développement numérique avec un aménagement du territoire rationnel et respectueux de l’environnement.

 

11- Quelle doit être la place de l’Aide publique française et européenne ?

L’aide publique française et européenne doit venir en complément ou en soutien d’initiatives locales, politiques ou associatives, dans les domaines de la formation, l’éducation, la préservation de la biodiversité, le recyclage, l’économie sociale, le transfert de technologie et le tourisme vert.

 

12- Quelle est votre position sur les Accords de partenariat économique (APE) ?

Ces accords doivent être renégociés pour qu’ils soient avantageux pour les deux parties. En l’état actuel, ils sont défavorables au tissu entrepreneurial local et ne sont pas assez orientés vers le développement et les transferts de technologies.

 

13- Que proposez-vous en matière de Responsabilité sociale des entreprises (RSE), de transparence des contrats, de respect des droits humains par les entreprises, de commerce équitable ?

Il faut tout d’abord créer un observatoire franco-africain de lanceurs d’alertes. Il faut également s’appuyer sur l’expertise des organisations locales non étatiques qui veillent au suivi des entreprises, des conventions et des contrats en matière de transparence fiscale et juridique. Il est nécessaire de promouvoir avant tout la priorité locale en matière d’emploi par une meilleure formation.

 

14- Quelles propositions faites-vous pour favoriser la souveraineté monétaire en Afrique ?

Une sortie progressive du franc CFA et son remplacement par un système négocié entre les pays africains.

 

15- Quelle politique migratoire française et européenne proposez-vous ?

Il faut privilégier et faciliter les programmes de retour et de réinstallation dans les pays d’origine. La création d’universités africaines reconnues est primordiale car elle favoriserait l’accès aux études supérieures. Il serait par ailleurs, intéressant de mettre en place un partenariat et un programme d’échange pour les enseignants et de promouvoir les jumelages des écoles et des universités françaises et africaines.

 

16- Quel doit être le lien entre cette politique et l’ensemble de la politique française et européenne en Afrique ?

Elle doit indubitablement faire partie d’un programme global de redéfinition de partenariat entre l’Afrique et l’Europe.

 

17- Comment voyez-vous le rôle de la francophonie ?

Au-delà du seul cadre politique, elle doit développer de nouveaux axes d’action: la promotion de la langue française, de la culture, la paix, la culture numérique et l’éducation. Par ailleurs, l’organigramme de l’OIF devrait être repensé et s’ouvrir en priorité aux acteurs de la société civile francophone.

 

18- Quelle place accordez-vous aux échanges interculturels entre France et l’Afrique ?

Les échanges interculturels doivent prendre une place importante dans les relations futures entre nos peuples afin de combattre les stéréotypes et installer une véritable amitié fondée sur le respect des peuples et de leur histoire. La société civile a un grand rôle à jouer dans ce projet, encore faudra-t-il lui en donner les moyens.

 

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2. Debout la France : Nicolas Dupont-Aignan

(Réponse reçue le 6.3.17)

 

  1. Vingt-sept ans après la fin de la guerre froide et le début de la fin des partis uniques, quel est, selon vous, l’état d’avancement de la démocratisation de l’Afrique ? A ce stade, comment la diplomatie française doit-elle considérer les pays sans alternances de président et de parlement ?

1.1 De nombreux pays ont fait des progrès remarquables dans la voie de l’alternance pacifique et transparente. En revanche, trop de régimes sont encore gouvernés par la force et sujets à des violations de constitution. Parfois, avec la tolérance tacite des gouvernements français. Nous souhaitons mettre un terme à ce genre de pratique et adopter des politiques transparentes, morales et qui vont dans le sens du développement des pays africains.

1.2 La diplomatie française devra œuvrer pour l’application et le respect des Droits de l’Homme en Afrique. Une attention particulière sera portée sur les pays qui n’ont pas connu d’alternance et une surveillance accrue du bon déroulement des processus électoraux sera menée via l’envoi d’observateurs internationaux. En cas de non-respect, la France se gardera le droit d’interrompre ou de suspendre temporairement les relations économiques avec les pays incriminés.

 

  1. Quelle est votre position sur les processus électoraux contestés et les inversions de résultat présumés ? Quels moyens proposez-vous pour que s’améliore la qualité technique des processus électoraux en Afrique ?

Voir 1.2 ci-dessus

 

  1. Quelles sont vos priorités concernant l’action de l’armée française en Afrique ? L’armée française doit-elle avoir dans ses missions d’aider à la progression de l’Etat de droit ?

3.1 Des accords bi-latéraux de défense et de coopération militaires seront établis avec les pays qui le souhaitent. La montée de l’insécurité et du terrorisme (en Afrique, comme en France), le retrait probable des renforts américains obligeront à une réflexion approfondie et renouvelée sur les questions de défense. La présence de contingents (même peu nombreux) dans certains pays se justifie dans certains pays sujets à de graves menaces ; pas dans d’autres. L’armée de la République n’a pas à sécuriser tel ou tel régime.

La Flotte devra sans nul doute être plus présente pour lutter contre la piraterie (Mer Rouge, Golfe de Guinée).

3.2 L’armée ne pourra intervenir que si des populations sont en danger de massacres et à leur demande ou à celle des autorités légales et démocratiques ; sans omettre les mandats de l’ONU.

 

  1. Quelles doivent être les priorités de la politique de l’Union européenne en Afrique ? Cette politique est-elle aujourd’hui suffisamment définie ?

Debout-La-France et Nicolas DUPONT-AIGNAN inscrivent leur démarche hors de l’Union européenne, très bureaucratique, et dont la conception des politiques de coopération a trop vieilli et ne correspond plus aux besoins réels des économies et des peuples africains. La lourdeur administrative des programmes UE, le surcoût des frais de fonctionnement de l’UE, démesurés, privent ces programmes d’efficacité et d’une partie de leurs moyens.

 

  1. Que proposez-vous de faire concernant l’agriculture, l’environnement et le climat en Afrique ?

Des coopérations décentralisées avec des agriculteurs français, pour la réalisation de programmes concrets, seront privilégiées. Il existe des zones immenses à fort potentiel : ces dernières sont trop souvent mal mises en valeur (ex : delta intérieur du fleuve Niger).

Le contrôle des produits phytosanitaires sera bien mieux effectué. Le potentiel bio du continent sera valorisé. Les marchés et les cours des productions agricoles seront maîtrisés pour permettre aux agriculteurs de toucher la juste rémunération de leur travail. La reforestation sera encouragée et un label co-responsable attribué aux pays qui reboisent à suffisance.

Nous croyons également au soutien matériel du continent africain, que nous privilégierons par rapport au soutien financier. Trop d’argent disparait ou est utilisé à mauvaise fin.

 

  1. Comment concevez-vous le développement en Afrique ? Quelle doit être la place de l’Aide publique française et européenne ? Quelle est votre position sur les Accords de partenariat économique (APE) ?

6.1 Eu égard aux problèmes nouveaux qui affectent l’humanité (surpopulation, migrations, chômage), la France et l’Afrique doivent innover et penser en termes de co-développement.

Les APE qui sont supposés mettre en oeuvre les nouveaux accords ACP (de Cotonou) sont à la fois complexes et totalement insuffisants.

Ils prétendent se substituer aux anciens accords (ACP -Lomé I à IV). En réalité il ne s’agit que de coopérations techniques, alors que les anciens accords de Lomé prévoyaient une liberté d’exportation (sans droits de douane) des pays d’Afrique vers l’Europe.

Il faut comprendre les APE dans le contexte de mondialisation radicale décidé par le Traité de Marrakech

(OMC) qui prohibe les droits de douane et même (Banque mondiale) les codes des investissements comportant des exonérations fiscales ! Dans ces conditions ce mondialisme radical ne permettra jamais un développement industriel de l’Afrique.

6.2 Aussi, sitôt élu, Nicolas DUPONT-AIGNAN mettra en action le grand plan de co-développement industriel qu’il explique dans son programme (création d’entreprises binationales pour valoriser les ressources brutes).

 

  1. Que proposez-vous en matière de Responsabilité sociale des entreprises (RSE), de transparence des contrats, de respect des droits humains par les entreprises, de commerce équitable ?
  1. n°1 et 5 ci-dessus

 

  1. Quelles propositions faites-vous pour favoriser la souveraineté monétaire en Afrique ?

Nicolas DUPONT-AIGNAN sait bien qu’à chaque système économique, social et juridique national doit correspondre une monnaie adaptée et souveraine. Cela n’exclut pas des coopérations monétaires.

En tout état de cause le Franc CFA devra changer de nom. Une monnaie unique est possible (le CFA fonctionne). Il a vocation à s’étendre (Guinée, Gambie, Sierra Leone, voire Ghana). Les États africains devront décider de l’interchangeabilité entre le CFA de l’Ouest (BCEAO) et de CFA de l’Afrique centrale (BOAD), ce qui faciliterait les échanges (notamment Tchad/Niger).

Il faut reconnaître que le CFA pâtit (comme l’économie française) de la hauteur de l’€uro qui en est l’étalon-taux de change garanti (1€=655CFA). Or, rien ne dit que l’euro résistera à la prochaine crise monétaire et financière.

A ce jour c’est le Trésor français qui est le garant de la stabilité de la monnaie africaine. Ce seront les états africains qui décideront, ou non, d’un big bang monétaire après en avoir pesé les risques considérables.

 

  1. Quelle politique migratoire française et européenne proposez-vous ? Quel doit être le lien entre cette politique et l’ensemble de la politique française et européenne en Afrique ?

L’émigration, comme l’immigration, ne sont ni une chance ni un droit. Ni pour la France, ni pour le pays de départ, ni pour les populations de départ ou d’accueil, ni pour les personnes concernées. La libre circulation, elle, doit être facilitée (assouplissement des visas). Mais l’établissement définitif -clandestin ou légal- rendu plus difficile (sauf raison valable).

Le but de la nouvelle coopération que propose Nicolas DUPONT-AIGNAN est de permettre la valorisation des ressources locales, l’emploi et le maintien des populations africaines dans leurs pays.

 

  1. Comment voyez-vous le rôle de la francophonie ? Quelle place accordez-vous aux échanges interculturels entre France et Afrique ?

La langue française et à la fois un lien entre les peuples et le véhicule des valeurs humaines et sociales uniques qui lui sont historiquement attachées

Nicolas DUPONT-AIGNAN propose la création de grandes universités francophones en Afrique, liées aux grands centres de recherche (Pasteur, IRD, CIRAD etc…). Lieux de rencontre du meilleur de la pensée et de la recherche francophone avec les jeunes futurs cadres de l’émergence du continent africain.

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3. En marche : Emmanuel Macron

(Réponse reçue le 9.3.17)

 

  1. Vingt-sept ans après la fin de la guerre froide et le début de la fin des partis uniques, quel est, selon vous, l’état d’avancement de la démocratisation de l’Afrique ? A ce stade, comment la diplomatie française doit-elle considérer les pays sans alternances de président et de parlement?

En 2016, l’Afrique n’a jamais eu autant de pays pourvus de systèmes politiques issus d’élections multipartites. Néanmoins, malgré plusieurs transitions politiques réussies, elle compte encore des régimes peu démocratiques sans alternance politique.

 

  1. Quel est votre position sur les processus électoraux contestés et les inversions de résultat présumés ? Quels moyens proposez-vous pour que s’améliore la qualité technique des processus électoraux en Afrique ?

Nous proposons tout d’abord de contribuer au renforcement des sociétés civiles, afin d’accroître la redevabilité démocratique. Nous souhaitons par ailleurs renforcer les organisations africaines (régionales et l’Union africaine), pour assurer la bonne préparation et la bonne tenue des scrutins sur le continent, en soutien aux pays concernés.

 

  1. Quelles sont vos priorités concernant l’action de l’armée française en Afrique ? L’armée française doit-elle avoir dans ses missions d’aider à la progression de l’Etat de droit ?

Le terrorisme sous ses différentes formes et les trafics illicites constituent  les principales menaces à la paix et la stabilité de l’Afrique. Ces défis nécessitent de renforcer les fonctions régaliennes des États et de développer une réponse africaine coordonnée au niveau régional et continental. Si des États africains le souhaitent, nous nous associerons à ces efforts de structuration. . Nous continuerons aussi d’agir contre les grandes pandémies qui touchent le continent.

 

  1. Quelles doivent être les priorités de la politique de l’Union européenne en Afrique ? Cette politique est-elle aujourd’hui suffisamment définie ?

L’Afrique doit continuer à être un partenaire prioritaire de l’Union européenne. Le partenariat doit continuer à être défini dans le cadre d’un accord ambitieux, tel que les Accords de Cotonou, qui expirent en 2020. Il s’agit donc de réfléchir ensemble à un nouveau cadre, qui sera accompagné du Fonds européen de développement (FED).

 

  1. Que proposez-vous de faire concernant l’agriculture, l’environnement et le climat en Afrique ?

La mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le Climat est une priorité. Nous devons mobiliser des financements publics et privés en faveur des pays en développement, notamment africains, pour couvrir leurs besoins en matière d’atténuation et d’adaptation aux effets du dérèglement climatique. Nous devons également aider l’Afrique à exploiter son potentiel de développement énergétique, ainsi que son agriculture.

 

  1. Comment concevez-vous le développement en Afrique ? Quelle doit être la place de l’Aide publique française et européenne ? Quelle est votre position sur les Accords de partenariat économique (APE) ?

Le potentiel de croissance des économies africaines est élevé. Elles font toutefois également face des défis de première importance (sécuritaire, migratoire, commercial, macroéconomique, etc.). Ces défis justifient une approche volontariste de l’APD française et européenne, et un ambitieux cadre d’investissements et de partenariats, y compris un accord économique entre l’UE et l’Afrique.

 

  1. Que proposez-vous en matière de Responsabilité sociale des entreprises (RSE), de transparence des contrats, de respect des droits humains par les entreprises, de commerce équitable ?

Les entreprises peuvent être de véritables actrices d’un développement durable et inclusif. Nous devons continuer à inciter les entreprises à intégrer la RSE dans leurs stratégies et activités, en soutenant la mise en œuvre en France et en Europe des normes internationales (de l’OIT et de l’OCDE par exemple). Nous devons poursuivre sa participation aux discussions relatives au reporting pays par pays public des multinationales.

 

  1. Quelles propositions faites-vous pour favoriser la souveraineté monétaire en Afrique ?

La France doit participer à la réflexion sur l’avenir de la zone Franc, avec des économistes et experts africains afin de moderniser certains de ses aspects, sans pour autant remettre en cause ses avantages (intégration, convertibilité,  stabilité monétaire).

 

  1. Quelle politique migratoire française et européenne proposez-vous ? Quel doit être le lien entre cette politique et l’ensemble de la politique française et européenne en Afrique ?

L’intégration est la priorité absolue. Elle passe avant tout par la maîtrise de la langue française, qui conditionne l’emploi et l’insertion. Nous proposerons que chaque étranger en situation régulière arrivant en France ait droit à une formation linguistique suffisante pour atteindre le niveau B1 (niveau qui permet la naturalisation).

Nous souhaitons promouvoir l’immigration de la connaissance. Nous allégerons les procédures et réduirons les délais d’obtention des visas « talents », pour améliorer l’attractivité de la France dans la compétition internationale pour attirer les talents étrangers. Nous développerons aussi les visas de circulation pour les professionnels, et simplifierons les modalités d’accès au travail pour tous les étudiants titulaires d’un master en France

En matière de droit d’asile, nous devons poursuivre l’harmonisation des procédures au niveau européen et réduire la longueur des procédures pour assurer un accueil digne. Nous souhaitons aussi renforcer les moyens européens de contrôle aux frontières et instituer des partenariats avec les pays de départ et de transit afin de lutter contre les abus et mieux sécuriser les routes migratoires.

Les migrations d’asile ne sont jamais volontaires. Cette question doit donc être intégrée à la politique de développement, avec pour objectif de réduire les flux de réfugiés politiques, économiques et climatiques.

 

  1. Comment voyez-vous le rôle de la francophonie ? Quelle place accordez-vous aux échanges interculturels entre France et Afrique ?

Il est indispensable de renouer avec une politique de promotion de la francophonie, mise en retrait ces dernières années. L’Institut français doit notamment évoluer vers une grande agence culturelle internationale. Les échanges entre étudiants européens et africains doivent être renforcés dans le cadre d’un programme ERAMUS Europe-Afrique.

 

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4. Parti Socialiste : Benoît Hamon

(Réponse reçue le 06.03.17, avec le slogan: « Faire battre le cœur de la France »)

  1. Vingt-sept ans après la fin de la guerre froide et le début de la fin des partis uniques, quel est, selon vous, l’état d’avancement de la démocratisation de l’Afrique ? A ce stade, comment la diplomatie française doit-elle considérer les pays sans alternances de président et de parlement?

Les avancées démocratiques sont réelles et ce depuis longtemps. Les peuples n’ont pas attendu que nous appelions à la démocratisation des régimes pour en faire une réalité, que ce soit au Sénégal, au Ghana, en Tanzanie, au Libéria et dans nombre d’autres pays. Pour autant le continent est aujourd’hui à la croisée des chemins. 2017 et 2018 verront l’organisation de nombreuses élections sur l’ensemble du continent. A un moment où la tentation du maintien au pouvoir de nombreux dirigeants est palpable, je remarque également que l’aspiration démocratique n’a jamais été aussi forte. En témoigne l’émergence de mouvements citoyens forts dans de nombreux pays, que ce soit Filimbi, y’en a marre, le Balai citoyen, tournons la page, etc,.. Nous devons faire des choix. Le mien sera de veiller à ce que cette aspiration, portée par les citoyens, ne soit pas tue, ne soit pas bâillonnée, mais qu’au contraire elle puisse grandir et se transformer en approfondissement démocratique.

 

  1. Quel est votre position sur les processus électoraux contestés et les inversions de résultat présumés ? Quels moyens proposez-vous pour que s’améliore la qualité technique des processus électoraux en Afrique ?

Je ne crois pas que la technicisation d’un processus électoral soit une garantie de démocratie. Elle est un moyen de se prémunir contre un certain nombre de fraudes le jour de l’élection. C’est un élément essentiel, mais réduire la démocratie au jour du scrutin serait une erreur. Les régimes démocratiques peuvent différer, mais ils se retrouvent sur un point : ils doivent permettre au peuple d’exercer pleinement sa souveraineté. C’est un combat de tous les jours, y compris pour nous en France. La question fondamentale n’est pas la qualité technique d’un processus électoral. La question fondamentale est d’assurer à chacun le droit d’exercer, comme il le souhaite, une souveraineté trop souvent confisquée.

 

  1. Quelles sont vos priorités concernant l’action de l’armée française en Afrique ? L’armée française doit-elle avoir dans ses missions d’aider à la progression de l’Etat de droit ?

Je ne suis pas partisan du mélange des genres. Une armée, d’autant plus quand elle est étrangère, n’a pas pour mission de faire progresser l’Etat de droit. Elle est là pour protéger l’Etat de droit et pour assurer notre sécurité collective. C’est pourquoi l’armée française, lorsqu’elle intervient à l’extérieur, ne doit le faire que dans le cadre de la légalité internationale aux côtés de partenaires internationaux, et d’abord africains. Mais cette sécurité collective, il ne faut pas s’y tromper, passera d’abord par la lutte contre les inégalités, la reconstruction de la capacité des Etats en matière de gouvernance et une meilleure redistribution de la richesse, au sein des Etats comme entre les Etats.

 

  1. Quelles doivent être les priorités de la politique de l’Union européenne en Afrique ? Cette politique est-elle aujourd’hui suffisamment définie ?

Ma priorité sera d’abord le maintien des moyens de l’Union Européenne en faveur de l’Afrique. En 2017 sera défini le mandat de la Commission pour la négociation de l’après Cotonou. Il s’agira de définir, ce que, du point de vue européen, doivent être les orientations de notre partenariat avec les pays ACP, au sein desquels l’Afrique constitue sans conteste un ensemble prioritaire. Il s’agira de définir les orientations de notre APD européenne pour les vingt prochaines années. C’est un enjeu majeur qui porte sur l’allocation de près de 100 milliards d’euros. Outre les secteurs de concentration que doivent bien entendu être l’éducation,la santé ou la souveraineté alimentaire, je souhaite que ce partenariat puisse permettre de répondre à des ambitions qui pourraient changer la donne pour l’ensemble du Continent. Je pense notamment à des défis comme la consolidation de la capacité des Etats en matière de gouvernance, de mobilisation des ressources fiscales et en particulier issues de l’activité extractive ou à la réinscription du Sahel au centre d’une région qui va du Maghreb à l’Afrique de l’Ouest.

 

  1. Que proposez-vous de faire concernant l’agriculture, l’environnement et le climat en Afrique ?

Le changement climatique a des conséquences dramatiques sur les pays en développement, en particulier les plus fragiles d’entre eux. C’est pourquoi la France s’est engagée, comme ses partenaires, à financer l’adaptation au changement climatique. Nous augmenterons ces financements, qui sont additionnels à l’aide au développement et permettent notamment de renforcer le Fond vert sur le climat.  Au-delà de l’adaptation, notre aide doit être en mesure de soutenir les transitions vers des modèles durables de développement.

S’agissant de l’agriculture, je veux promouvoir des modèles permettant le développement d’une agriculture respectueuse de la planète et dont les fruits sont répartis justement. Cela signifie soutenir via notre aide au développement l’agroécologie, l’agriculture familiale et paysanne et non pas l’agrobusiness, et plus généralement porter cette ambition dans les espaces de dialogue internationaux.

Je refuse que l’Europe prône des « accords » contraires aux intérêts de l’agriculture et l’élevage africains par une libéralisation non régulée des échanges. D’autant que de nombreuses pistes existent, qu’il s’agisse de la constitution de réseaux de petits producteurs, de la structuration de véritables filaires industrielles ou encore de la mise à profit des complémentarités qui peuvent exister à niveau régional. Une chose est certaine, la dimension verte du développement sera centrale dans les coopérations de demain avec nos partenaires africains.

 

  1. Comment concevez-vous le développement en Afrique ? Quelle doit être la place de l’Aide publique française et européenne ? Quelle est votre position sur les Accords de partenariat économique (APE) ?

L’engagement public en faveur du développement reste trop faible, bien loin des fameux 0,7% des Revenus Intérieurs Bruts des pays de l’OCDE. Ma priorité en termes de moyens sera bien entendu de nous remettre sur les rails pour atteindre cet objectif rapidement. Mais mon engagement sera surtout d’augmenter la part dons au sein de notre APD, car c’est cette part qui nous permet d’intervenir dans des secteurs comme l’éducation ou la santé et surtout dans les pays les moins avancés. Cette part doit être multipliée par 4 dans le quinquennat. Pour autant, si l’engagement public est nécessaire, il doit être relayé par les investissements privés. Les bailleurs peuvent jouer un rôle majeur en permettant des effets leviers, ou en garantissant une partie de ces investissements. S’agissant des accords de partenariat économique entre l’Europe et l’Afrique, si je ne suis pas favorable à l’esprit de ces accords commerciaux, qui à mon sens, et étant donné l’asymétrie existante entre les ensembles régionaux africains et l’UE, ne font que supprimer des protections, désarment les Etats et les privent de recettes, il revient aujourd’hui aux pays africains de dire ce qu’ils veulent faire, et je pense notamment aux pays d’Afrique de l’Ouest. En matière commerciale, comme ailleurs, c’est la notion de justice qui doit primer. Et je suis favorable pour ma part à des accords justes.

 

  1. Que proposez-vous en matière de Responsabilité sociale des entreprises (RSE), de transparence des contrats, de respect des droits humains par les entreprises, de commerce équitable ?

Je me réjouis que la loi sur le devoir de vigilance des multinationales, d’initiative parlementaire, vienne d’être adoptée. Nous devrons la mettre en œuvre au plus vite et accroitre son ambition en élargissant le nombre d’entreprises concernées notamment. Le respect des droits humains par nos propres entreprises, leurs filiales et leurs sous-traitants est une exigence. La loi doit le garantir et je souhaite qu’elle soit consolidée et élargie.

Transparence des contrats dans l’industrie extractive : l’adhésion de la France à l’initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE) doit aboutir rapidement.

 

  1. Quelles propositions faites-vous pour favoriser la souveraineté monétaire en Afrique ?

La persistance du Franc CFA dans une quinzaine de pays d’Afrique, près de vingt après l’usage de l’euro est souvent ressenti par les populations, et à raison, comme un vestige colonial, quelles que soient les évolutions dans le fonctionnement des banques centrales d’Afrique de l’ouest et d’Afrique centrale. L’Union africaine vient de décider d’engager une réflexion sur la libéralisation des échanges au sein du continent. Ce sera l’occasion pour les Africains eux-mêmes de définir comment aller vers l’émergence de monnaies régionales. Il s’agit avant tout d’une question de souveraineté. Je comprends que des questions comme celle du dépôt de garantie auprès du Trésor français puisse alimenter un certain nombre d’incompréhensions et je sais également les débats qui existent quant à l’efficacité de cette zone monétaire pour les économies africaines. Il revient aujourd’hui aux pays de l’UEMOA et de la CEAC de décider ce qu’ils souhaitent faire. Je ferai pour ma part tout ce qu’il faut pour accompagner au mieux ce choix vers une souveraineté économique et monétaire réelle des africains.

 

  1. Quelle politique migratoire française et européenne proposez-vous ? Quel doit être le lien entre cette politique et l’ensemble de la politique française et européenne en Afrique ?

En matière migratoire, nous devons faire le constat de ce qui marche et ce qui ne marche pas et en tirer les enseignements nécessaires pour définir les orientations de notre politique.

En Afrique de l’Ouest je fais un constat : La très grande majorité des candidats à la migration en provenance des pays de la CEDEAO font le choix de s’installer dans un autre pays de la CEDEAO. Plus de 70%. Je constate par ailleurs que les politiques de fermeture des frontières extérieures de l’Union Européenne, outre le fait de conduire à une augmentation vertigineuse de la mortalité en méditerranée, viennent surtout faire obstacle à des mobilités historiques entre Maghreb, Sahel et Afrique de l’Ouest. Elles viennent faire obstacle à des mobilités qui ne visent pas le transit vers l’Europe, mais qui répondent à des circulations historiques dans l’ensemble du sous-continent.

Ce double constat m’amène à penser que nous devons, collectivement, repenser la circulation des personnes, notamment en Afrique de l’Ouest et au Maghreb pour coller au mieux aux mobilités historiques, pour pouvoir imaginer un modèle de développement qui puisse s’appuyer, au-delà de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Nigeria, sur les autres locomotives économiques régionales que peuvent être les pays maghrébins, et notamment le Maroc et la Tunisie. Pour imaginer un modèle dans lequel les mobilités pendulaires entre Europe et Afrique deviendraient possibles. Plutôt que d’essayer d’accentuer ce qui ne marche pas. Plutôt que de ne réfléchir la migration qu’à partir de notre prisme européen, il est temps d’aller aussi voir ce qui marche. L’encourager et l’appuyer.

 

  1. Comment voyez-vous le rôle de la francophonie ? Quelle place accordez-vous aux échanges interculturels entre France et Afrique ?

La diversité culturelle passe par la défense des langues, contre la domination d’une seule « façon de penser ». D’ailleurs les grandes aires linguistiques s’organisent désormais autour de  l’arabe, de l’espagnol, du portugais etc. Les francophones devraient faire de même, avec plus d’ambition que jamais. Dans ce domaine, je reprends à mon compte les propositions du rapport parlementaire de 2014 de Pouria Amirshahi dans ce domaine : à partir d’un premier cercle d’États francophones volontaires, je souhaite que nous construisions des convergences de contenus, de normes et de moyens dans de nombreux domaines : Co-diplomations dès le lycée, formations professionnelles, audiovisuel international, investissements, brevets… Mais je plaide surtout pour une plus grande mobilité des personnes : c’est pourquoi je souscris à l’idée d’un Erasmus et même d’un Visa francophones.

 

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5. France Insoumise : Jean-Luc Mélenchon

(Réponse reçue le 14.02.17 sous la forme résumé et sous la forme longue comme tous les autres candidats)

 

 

Réponses en format électronique ‘résumé’ à 100 caractères par réponse

1 Vingt-sept ans après la fin de la guerre froide et le début de la fin des partis uniques, quel est, selon vous, l’état d’avancement de la démocratisation de l’Afrique ? A ce stade, comment la diplomatie française doit-elle considérer les pays sans alternances de président et de parlement?
Mettre en œuvre tous les moyens diplomatiques afin de renverser les situations résiduelles de dictatures prédatrices en particulier en Afrique Centrale.

Aider les oppositions et la société civile dans leur combat pour la démocratie.

Redéfinir le modèle de coopération avec ceux qui montreront leur volonté de s’engager dans des voies de développement non productivistes et solidaires.

 

2 Quel est votre position sur les processus électoraux contestés et les inversions de résultat présumés ? Quels moyens proposez-vous pour que s’améliore la qualité technique des processus électoraux en Afrique ?
Garantir l’indépendance des institutions de gestion des processus électoraux.

Donner les moyens de contrôle aux oppositions et à la société civile.

 

3 Quelles sont vos priorités concernant l’action de l’armée française en Afrique ? L’armée française doit-elle avoir dans ses missions d’aider à la progression de l’Etat de droit ?
Disparition progressive sur le long terme et négociée des bases militaires françaises à l’exception des bases contribuant à la sécurité internationale.

Priorité à la diplomatie dans le chemin vers l’Etat de droit.

 

4 Quelles doivent être les priorités de la politique de l’Union européenne en Afrique ? Cette politique est-elle aujourd’hui suffisamment définie ?
Une politique inexistante faisant tout reposer sur la responsabilité de la France.

Une politique à définir si du moins l’évolution politique de l’Europe le permettait.

 

5 Que proposez-vous de faire concernant l’agriculture, l’environnement et le climat en Afrique ?
Soutenir le développement d’une agriculture paysanne auto-centrée.

Respecter la souveraineté agricole des pays africains.

Agir contre la prédation des terres.

 

6 Comment concevez-vous le développement en Afrique ? Quelle doit être la place de l’Aide publique française et européenne ? Quelle est votre position sur les Accords de partenariat économique (APE) ?
Redéfinir une coopération à l’écoute.

Revoir les conditions de l’aide au développement avec un contrôle public renforcé.

Renégocier les APE.

7 Que proposez-vous en matière de Responsabilité sociale des entreprises (RSE), de transparence des contrats, de respect des droits humains par les entreprises, de commerce équitable ?
Soutenir la création de vrais services publics dotés de moyens nécessaires afin de protéger les biens publics des privatisations.

Co-inventer un nouveau modèle de développement avec les pays africains.

Imposer la transparence des contrats en particulier ceux des industries extractives.

Tracer les mouvements de fonds et lutter contre l’impunité.

Favoriser l’essaimage local des entreprises françaises.

 

8 Quelles propositions faites-vous pour favoriser la souveraineté monétaire en Afrique ?
Rendre aux pays africains de la zone CFA l’autonomie de gestion de leur monnaie ; une instance commune sera créée afin de proposer les conditions de sortie non dommageables du système actuel.

Un audit de la dette sera systématisé.

 

9 Quelle politique migratoire française et européenne proposez-vous ? Quel doit être le lien entre cette politique et l’ensemble de la politique française et européenne en Afrique ?
Créer les conditions de fluidité des migrations économiques et co-gérer avec les pays concernés les conditions politiques et économiques de développement permettant de réduire progressivement les flux migratoires.

 

10 Comment voyez-vous le rôle de la francophonie ? Quelle place accordez-vous aux échanges interculturels entre France et Afrique ?
Passer à la francophonie politique de partenaires partageant des objectifs de progrès et d’émancipation communs, promouvant la langue française, mettant en commun des moyens financiers de co-développement.

Faire la lumière sur les crimes de la colonisation, développer un discours commun sur l’histoire coloniale et post-coloniale, multiplier les échanges culturels entre la France et l’Afrique.

 

 

  1. Vingt-sept ans après la fin de la guerre froide et le début de la fin des partis uniques, quel est, selon vous, l’état d’avancement de la démocratisation de l’Afrique ? A ce stade, comment la diplomatie française doit-elle considérer les pays sans alternances de président et de parlement?

La démocratisation en Afrique est à mi-parcours tant du point de vue du nombre de pays (le nombre de démocraties équivaut au nombre de dictatures avec une tendance favorable) que du point de vue du processus avec une émergence de la société civile et de la jeunesse qui contribuent à rénover le combat démocratique avec l’usage des réseaux sociaux et des moyens modernes de communication. La situation reste toutefois dramatique en Afrique Centrale qui prend un retard considérable dans le processus de démocratisation par rapport à l’Afrique Occidentale. Comme par hasard ce sont les pays les plus riches potentiellement qui souffrent le plus ; l’Occident et particulièrement la diplomatie française porte une responsabilité lourde dans cette situation en apportant son soutien aux dictateurs Déby, Sassou, Obiang, Kabila, Bongo. Cette tolérance qui aboutit à laisser ces dictateurs tuer l’intelligentsia de leurs pays au profit d’intérêts économiques occidentaux et au profit de l’entourage clanique de ces personnages, est inacceptable et nous mettrons tout en œuvre au niveau diplomatique afin de bouleverser ces situations acquises.

Si le vieux combat de peuples en Afrique contre les présidences à vie semble avoir obtenu le soutien de la France  tel qu’exprimé par Hollande en faveur de l’alternance politique dans le continent et contre les révisions constitutionnelles, nous refusons que cela cache la volonté  de préserver les conditions d’un néo-impérialisme français et de recueillir les votes des pays de l’OIF. Il a été facile pour Hollande de se donner des airs mitterrandiens en prêchant le respect des constitutions aux chefs d’Etat africains après avoir manigancé une sortie digne à Compaoré  en lui promettant le soutien de la France « s’il souhaitait mettre son expérience et ses talents à la disposition de la communauté internationale » ! après avoir soutenu Sassou Nguesso en reconnaissant la légitimité de son référendum, après s’être tu lors de la réélection truquée d’Ali Bongo etc…

La France doit cesser d’apporter son soutien aux dictateurs africains et de cautionner des scrutins frauduleux. Nos efforts porteront sur le soutien aux mouvements démocratiques et populaires. La France soutiendra les hommes et les femmes politiques réfugié(e)s en France à cause des dictatures et  mènera une politique de dénonciation des biens mal acquis par les dictateurs et leurs familles sur le sol français.

Les missions d’observation des scrutins et les projets d’appui aux processus électoraux devront être mis en œuvre à la demande des forces progressistes concernées par des organismes internationaux multilatéraux (ONU, Union Africaine), avec la participation d’organisation de défense des droits démocratiques, à commencer celles qui sont actives en Afrique.

Les pratiques de corruption dans les affaires commerciales et le financement de la vie politique française doivent être bannies. Aucune politique sociale, aucune politique de souveraineté nationale, aucune politique de service public, aucune ré-appropriation des richesses nationales, ne peut se faire sans remise en place d’Etats représentant les aspirations des peuples et d’administrations disposant de moyens pour assurer l’intérêt général, l’égalité des citoyens, la continuité et la neutralité du service public. La France appuiera les initiatives visant à renforcer les Etats, assis sur les structures démocratiques et sociales des pays, et tenant compte de l’organisation sociale et des solidarités existantes. Les femmes africaines jouent d’ores et déjà un rôle essentiel pour faire bouger la société (au niveau économique, social, politique…) et ce rôle se doit d’être reconnu et entendu.

La coopération avec les pays africains sera redéfinie en fonction de la volonté manifestée en commun de sortir du modèle productiviste d’exploitation et du déséquilibre des échanges. Les droits humains et la co-construction des projets de coopération avec les pays concernés seront au cœur de la nouvelle politique de coopération au développement. Une loi de programmation et d’orientation pluriannuelle sera adoptée par le Parlement pour marquer cet engagement. Un équilibre entre coopération centralisée et coopération  décentralisée sera recherché dans un souci d’efficacité et de pérennité des projets tout en respectant les formes d’organisation des pays concernés. Cette coopération sera basée sur un dialogue notamment avec les ONG et  une recherche constante de solutions équilibrées qui s’inscriront dans un cadre global de coordination de la coopération pour un pays donné. Elle sera toujours respectueuse des autorités locales et s’intégrera dans les plans de développement  nationaux.

 

  1. Quel est votre position sur les processus électoraux contestés et les inversions de résultat présumés ? Quels moyens proposez-vous pour que s’améliore la qualité technique des processus électoraux en Afrique ?

Les pays africains doivent disposer d’institutions fortes de gestion des processus électoraux (CNI, CEI etc…) qui soient indépendants des pouvoirs en place et dont l’indépendance soit garantie par les institutions internationales.

Le gouvernement français soutiendra de façon privilégiée les démocraties africaines et appliquera des mesures restrictives dans les relations avec les dictatures.

Le gouvernement français se prononcera clairement quant aux dysfonctionnements constatés sans toutefois intervenir dans les affaires intérieures des pays concernés.

Le gouvernement français veillera à ce que la société civile et les oppositions soeint dotés des moyens techniques suffisants pour permettre des comptages de votes et la transmission de résultats de façon sécurisée.

L’exil des Présidents sortants doit être garanti s’ils le souhaitent de façon à ne pas être un obstacle à la démocratisation des pays.

 

  1. Quelles sont vos priorités concernant l’action de l’armée française en Afrique ? L’armée française doit-elle avoir dans ses missions d’aider à la progression de l’Etat de droit ?

Les accords de défense et en particulier leurs clauses secrètes – qui ont pour objectif réel de contrôler les mouvements populaires et leurs luttes sociales – devront être dénoncés. La France ne peut plus accepter que ces bases militaires permanentes en Afrique soient un instrument au service du pillage des ressources naturelles par les grandes entreprises françaises, du financement des dictatures en place et du développement du clientélisme et de la corruption. Cependant, il appartient aux dirigeants africains de demander le départ de ces bases. Dans le cas où certaines de ces bases seraient maintenues, elles serviraient en priorité à la formation d’une armée républicaine nationale et à des missions de génie militaire pour aider au développement en zones rurales défavorisées. Quoi qu’il en soit l’objectif est que ces bases disparaissent dans un long terme négocié.

Djibouti est un cas particulier de base stratégique dont le rôle est d’être une plate-forme au service de la paix  et de la sécurité des routes maritimes ; un rôle semblable pourrait être attribué à une base de l’Afrique de l’Ouest.

L’armée française n’a pas dans ses missions d’aider à la progression de l’Etat de droit qui est du ressort de la diplomatie.

La France, mènera une action active dans les instances internationales, pour appuyer les pays africains dans leurs revendications à ne plus connaître d’occupations militaires de puissances étrangères. Tous les accords militaires et de coopération militaire, seront remis en cause et soumis au contrôle démocratique et aux décisions du Parlement. Nous chercherons des alliances et partenariats fondés sur des relations d’égalité et de respect mutuel bannissant les rapports de domination, pour la paix et pour les conditions d’une sécurité collective, par le désarmement et le règlement politique des conflits. Nous contribuerons activement à la mise en œuvre au niveau de l’ONU du traité international sur le commerce des armes, l’élimination des trafics illicites, l’interdiction de production de toute arme apparentée aux mines anti-personnel. Dans un premier temps, la France instituera un contrôle parlementaire sur ses propres exportations d’armes dans le cadre de l’objectif de démilitarisation des rapports internationaux.

Enfin, la coopération militaire ne pourra être envisagée qu’avec des démocraties et non pour maintenir au pouvoir des dictateurs prédateurs.

 

  1. Quelles doivent être les priorités de la politique de l’Union européenne en Afrique ? Cette politique est-elle aujourd’hui suffisamment définie ?

La politique de l’Union Européenne en Afrique est mal définie afin de mieux en laisser la responsabilité par accord tacite sur les épaules de la France. Cette situation n’est pas tolérable et sa négociation fera partie de la renégociation globale que nous envisageons. Une réorientation vers la francophonie étant une sorte de plan B possible.

Les priorités pourraient être des prises de position fermes sur les processus électoraux en Afrique, des conditionnalités fortes quant aux aides apportées et un partage du fardeau de la sécurité en Afrique.

 

  1.  Que proposez-vous de faire concernant l’agriculture, l’environnement et le climat en Afrique ?

Soutenir le développement d’une agriculture  paysanne auto-centrée :

La première condition porte sur le développement agricole qui joue un rôle primordial pour le développement de l’Afrique en lui assurant notamment l’auto-suffisance alimentaire.  La question posée est celle de techniques qui concilierait augmentation de la productivité et respect des équilibres biologiques. Ces techniques existent. Elles ne sont pas issues de la recherche sur les modifications génétiques comme tenteraient de le faire croire les lobbies semenciers, mais commencent à se développer dans le domaine de ce qu’on appelle l’agro-écologie. L’Afrique doit pouvoir mettre en place une révolution agricole adaptée à ses besoins. La France l’aidera à lutter contre sa dépendance aux technologies du Nord, à sa dette et sa perte d’autonomie, et sera à ces côtés pour une révolution agricole permettant un développement économique et social de sa paysannerie, permettant au continent d’assurer la sécurité alimentaire de sa population grâce à des politiques de souveraineté alimentaire, tout en respectant ses équilibres naturels et en apportant des solutions à la crise écologique des écosystèmes cultivés.

Respecter la souveraineté agricole des pays africains :

Pour une révolution agricole de l’Afrique, il faut également que les pays puissent garantir leur souveraineté et leur autosuffisance alimentaire. Quand les paysans maliens ou burkinabés ne peuvent plus vendre leurs productions sur les marchés locaux car elles sont concurrencées par des produits moins chers importés, notamment du fait qu’ils sont souvent fortement subventionnés (PAC etc..) par leurs pays d’origine, c’est non seulement un drame pour les paysans, drame qui les plonge dans la misère, mais c’est également une menace pour l’indépendance du pays. Le libre échange dans le domaine agricole a renforcé partout l’exode rural et le développement du chômage, il plonge dans la pauvreté des millions de paysans, et il ne garantit pas la satisfaction des besoins alimentaires des populations. L’Afrique pourra compter sur la France pour mettre fin aux politiques de dumping dans l’Union Européenne.

Les Etats doivent pouvoir protéger leurs paysans, leur garantir l’accès à la terre et à des prix garantis, investir dans les circuits locaux de distribution et de transformation, et organiser les conditions de leur autosuffisance alimentaire. La souveraineté alimentaire ne s’oppose pas aux échanges mais à la priorité donnée aux exportations : Il faut donner à ces échanges un nouveau cadre qui : -donne la priorité à la production locale, régionale avant l’exportation – autorise les Etats/Unions  de décider du niveau de protection qu’ils souhaitent mettre en place. pour se protéger des importations à trop bas prix – autorise des soutiens publics aux paysans, à condition qu’ils ne servent pas directement ou indirectement à exporter à bas prix – garantisse une stabilité des prix agricoles et alimentaires au niveau international par des accords internationaux de régulation des marchés, au moyen de stocks régulateurs.

La négociation avec l’Union européenne des Accords de  Partenariat Economiques Lomé/Cotonou doit être dénoncée : l’ouverture totale des frontières africaines aux produits agricoles terminerait de ruiner la petite paysannerie et risquerait d’éloigner à jamais la possibilité d’une souveraineté alimentaire.

Agir contre la prédation des terres :

Environ 10M d’ha ont été vendues ou octroyées à des entreprises multinationales, fonds financiers et capitalistes locaux et des projets d’accaparement des terres cultivables d’environ 20M ha sont à l’ordre du jour ; cela prive les paysans de leurs terres et les paupérise. Un phénomène nouveau largement dû à l’essor des agro-carburants. Alors que ces agro-carburants ne sont pas vraiment bénéfiques à l’environnement (émissions de gaz à effets de serre dans le processus de production, destruction des forêts primaires), ce sont les multinationales de l’agro-alimentaire, du pétrole, de l’automobile, et les banques , qui investissent, non pour trouver une solution écologique au tout pétrole, mais pour faire de cette nouvelle opportunité une nouvelle source de profits Les grandes puissances les encouragent, et la Commission Européenne en premier, qui a décidé de développer les agro-carburants jusqu’à 10 % du total des carburants produits. Mais les quantités nécessaires ne peuvent être cultivés en Europe faute de surface agricole disponible, aussi les industriels et multinationales se sont lancé dans la conquête des terres agricoles des pays du sud, d’abord en Asie et Amérique Latine, aujourd’hui en Afrique.  La ruée vers cet « or vert » se fait au détriment des forêts et des terres agricoles à usage alimentaire. Avec comme conséquence la dépossession et la paupérisation de millions de paysans dans le monde, la hausse des prix alimentaires, l’aggravation de la crise alimentaire. Cet accaparement est aussi dû à la volonté de contrôler les ressources agricoles  par certains pays déficitaires : une grande partie de ces terres sont alors dévolues à des productions non-destinées au marché local, dans le cadre de grandes exploitations utilisant peu de travail et l’exploitant à outrance, et les populations locales sont mises à l’écart et dépossédées.

 

  1. Comment concevez-vous le développement en Afrique ? Quelle doit être la place de l’Aide publique française et européenne ? Quelle est votre position sur les Accords de partenariat économique (APE) ?

Redéfinir une coopération à l’écoute :

La coopération avec les pays africains sera redéfinie en fonction de la volonté manifestée en commun de sortir du modèle productiviste d’exploitation et du déséquilibre des échanges. Les droits humains et la co-construction des projets de coopération avec les pays concernés seront au cœur de la nouvelle politique de coopération au développement. Une loi de programmation et d’orientation pluriannuelle sera adoptée par le Parlement pour marquer cet engagement. Un équilibre entre coopération centralisée et coopération  décentralisée sera recherché dans un souci d’efficacité et de pérennité des projets tout en respectant les formes d’organisation des pays concernés. Cette coopération sera basée sur un dialogue notamment avec les ONG et  une recherche constante de solutions équilibrées qui s’inscriront dans un cadre global de coordination de la coopération pour un pays donné. Elle sera toujours respectueuse des autorités locales et s’intégrera dans les plans de développement  nationaux.

Revoir les conditions de l’aide publique au développement (APD) :

Face à la course à l’accaparement des terres et des ressources en Afrique Subsaharienne, la France Insoumise appelle à une remise à plat des objectifs, des modes d’attributions  et de gestion de l’Aide Publique au Développement (APD).

Depuis sa création, l’APD a été un instrument d’influence au service des entreprises internationales, des intérêts économiques et géostratégiques des Etats donateurs au nom de leur politique extérieure. Son efficacité pouvant être mise en cause, l’APD nécessite d’être repensée mais surtout réappropriée par les peuples concernés, en faveur de la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales.

La reconnaissance des droits humains, associés aux droits économiques, sociaux et culturels doit être au cœur de la mise en œuvre même des politiques de coopération. Pour être efficace, l’APD ne peut plus être définie sur un modèle unique d’aide, mais doit bel et bien prendre en considération la réalité des dynamiques, économiques, sociales et culturelles, écologiques et politiques nationales. Le processus participatif au service du dialogue social et du partage des pouvoirs politiques doit être au cœur de la coopération internationale.

Les parlements, les organisations non-gouvernementales et les associations civiles doivent avoir voix au chapitre quant à la définition et à la mise en œuvre de l’APD. La maximisation des effets locaux des actions publiques aura lieu quand les collectivités territoriales et les organisations non gouvernementales seront associées directement.

Il est par ailleurs urgent d’instaurer un contrôle public, seul à même de permettre une visibilité et un véritable pouvoir d’intervention sur le vote des budgets et des programmes. L’Aide Publique Française se caractérise en effet par une organisation centrale éclatée et un réseau de mise en œuvre dispersé. Le ministère chargé de l’économie a toujours eu un rôle important, étant donné le poids de la coopération monétaire et financière avec l’Afrique. L’opacité et l’absence de stratégies et d’évaluations ne permettent pas de contrôler l’efficacité réelle des allocations de l’aide sur le terrain. La France a fait ouvertement le choix de confier sa politique de coopération et de développement à un établissement bancaire «l’Agence Française de développement » (AFD), inscrivant l’aide publique française dans une logique de rentabilité et de marchandisation. L’Afrique subsaharienne n’est plus assez rentable pour la France, en 2011 45% seulement des prêts lui étaient attribués. La lutte contre la pauvreté et les inégalités se fait au service de la rentabilité.

La France Insoumise demande à ce que l’agence française devienne une agence publique placée sous le contrôle direct de l’Etat. La reconsidération des objectifs et leurs conditions de mise en œuvre est plus que jamais nécessaire. L’aide publique au développement doit être pilotée par une instance politique intégrant un cadre de dialogue participatif, dans lequel chacun aura voix au chapitre. Un bilan politique de l’aide intégrant l’évaluation au cœur de son processus permettra que demain celle-ci soit enfin au service d’un développement durable et efficace.

Une déclaration d’APD sincère et non pas artificiellement gonflée, est le préalable à une réelle volonté de progression de l’aide dont la logique de répartition pourra être définie en fonction des changements espérés et des objectifs de réduction de la pauvreté. Il conviendra de mettre l’APD française en cohérence avec les objectifs du Millénaire pour le développement visant la solidarité internationale, la lutte contre la pauvreté pour atteindre l’objectif fixé par l’ONU de 0,7% du PIB national. Une taxe sur les transactions financières sera mise en place au taux de 0,05% dédiés à la solidarité internationale.

Il sera mis un terme aux accords bilatéraux qui conditionnent l’aide au développement à la lutte contre l’immigration.

APE :

La France Insoumise dénonce les Accords de Partenariat Economique en cours de ratification par les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique australe ; ces accords léonins prévoient la suppression des droits de douane sur les trois quarts des exportations de l’Union Européenne tandis que celle-ci continuera à importer d’Afrique la totalité de ses produits qui sont déjà en franchise de droits. Malgré la résistance de la société civile à Cotonou, à Dakar, à Ouagadougou, les Présidents aux ordres vont céder aux pressions de l’Union Européenne et soumettre leurs peuples.

Ces accords  sont  nocifs pour les peuples d’Afrique car ils vont priver les pays africains de recettes douanières considérables nécessaires à des budgets déjà bien insuffisants pour répondre aux besoins de santé et d’éducation. Ils sont nocifs car il ne peut y avoir de décollage économique des secteurs productifs qui ne disposent pas de véritables avantages compétitifs (notamment l’agriculture et les industries légères de transformation des productions locales) sans des politiques publiques de soutien et de protection contre la concurrence en provenance du reste du monde.

Ces accords sont pervers car ils prévoient non seulement la suppression des droits de douane pour les trois-quarts des produits européens mais aussi l’impossibilité de les rétablir par la suite, si la politique des pays ouest-africains devait changer.

Ces accords sont porteurs de misère et de famine car ils permettront à l’Europe de déverser certains de ses produits agricoles subventionnés sur les marchés africains et aggraveront la crise de l’agriculture paysanne  poussant ainsi les jeunes à émigrer vers les villes ou à l’étranger. De plus, le renoncement à des politiques portant l’accent sur l’autosuffisance alimentaire met potentiellement en péril la sécurité alimentaire des peuples à la moindre flambée des prix. Ces accords vont  induire des distorsions au profit de l’Europe dans les flux d’investissement vers l’Afrique dans une période pendant laquelle les investissements internationaux ne manqueront pas. Enfin, ces accords mettent en danger le processus d’intégration régionale des pays africains, seule façon pour eux de développer un marché de taille suffisante et  ils inciteront d’autres sous-ensembles économiques à demander des avantages semblables à ceux que l’Union Européenne s’octroie. Le manque à gagner est estimé à 2,3 milliards d’euros cumulés sur quinze ans en Afrique de l’Ouest.

Ces accords sont tout aussi nocifs pour les peuples européens, pour le devenir de leurs paysans et pour l’environnement au nord comme au sud ; ils rejoignent d’autres accords de libre-échange comme le TAFTA qui, négociés dans le dos des peuples, ne profiteront qu’à quelques multinationales prédatrices.

Nous dénonçons les complices de cet effondrement programmé de l’Afrique : la Commission européenne et le gouvernement français en premier mais aussi les institutions sous-régionales comme la CEDEAO.

Nous lançons un appel  à soutenir la campagne contre les APE et encourageons les ONG africaines à poursuivre leurs luttes pour éviter la ratification des APE devant les parlements de leurs pays. Nous appuierons toute démarche visant à bloquer la signature de ces accords au Parlement européen et à promouvoir des Accords de Coopération et de Solidarité (ACS) qui ne soient pas basés, comme le sont les APE sur un « libre-échange » qui menace l’émancipation humaine.

 

7  Que proposez-vous en matière de Responsabilité sociale des entreprises (RSE), de transparence des contrats, de respect des droits humains par les entreprises, de commerce équitable ?

Favoriser l’appropriation collective des biens communs africains par les Africain-e-s :

Le sous-sol et le sol africains sont riches : minerais, pétrole, gaz… et de son sol. Mais combien de pays et de gouvernements ont pu transformer cette richesse en facteur de développement pour leurs populations ? Dans combien d’autres cette richesse s’est-elle finalement révélée un grand malheur, encourageant la corruption des gouvernements, les liant aux intérêts des entreprises multinationales, ravageant leur biodiversité, les rendant incapables d’imaginer un processus de développement autonome et endogène ? La question de l’appropriation collective des biens fondamentaux comme l’eau et ses accès maritimes, les forêts, les sols et les richesses du sous sol doivent pouvoir être au cœur d’un projet commun.

Nous soutiendrons, y compris au sein des instances internationales, le développement de vrais services publics doté de moyens nécessaires afin de protéger les biens publics des privatisations accomplies depuis plus de vingt ans au bénéfice d’intérêts économiques des pays occidentaux. De même que nous agirons pour l’extension des services publics en France, nous agirons pour que ces services publics français coopèrent au renforcement des services publics dans les pays africains.

Co-inventer un nouveau modèle de développement avec les peuples africains :

Le modèle de développement des pays industrialisés repose sur l’exploitation à bas prix des richesses, humaines et naturelles, des autres pays. Il n’est donc pas généralisable à l’ensemble de la planète et ne peut servir de modèle. L’entrée de nouveaux pays dans le grand marché mondial engendrent des tensions fortes sur les prix des matières premières et énergétiques, et risquent de dégénérer rapidement en conflits armés. La planète est à bout de souffle car le capitalisme est incapable d’organiser la gestion collective des ressources naturelles et que le partage des richesses s’organise dans les rapports de force mondiaux. Dans les conditions actuelles, l’Afrique se retrouve dans l’incapacité de peser et de s’insérer dans ce commerce mondial. Si rien n’est fait, ses ressources continueront d’être pillées. L’Afrique est capable d’inventer son propre modèle de développement, qui tienne compte de l’important secteur informel et qui s’appuie sur ses richesses naturelles et humaines pour satisfaire d’abord les besoins de ses populations.

Les peuples africains doivent avoir les possibilités de garantir l’autosuffisance alimentaire et énergétique, développer une industrie de transformation adaptée à leurs besoins, s’appuyer sur ses talents commerciaux pour développer un commerce régional qui garantisse leur autonomie. L’Afrique réussira ainsi à parler en égal dans les négociations internationales. Nous pouvons pour notre part aider pour l’élaboration d’instruments de mesure et de décompte fiables, notamment dans le domaine foncier, et de statistiques démographiques et d’activités, dans un objectif de développement agricole et technique.

Exiger et contrôler la transparence des pratiques des grandes entreprises françaises en Afrique :

Parmi les exigences à formuler, outre celles concernant la responsabilité sociale et environnementale, figure celle de publier les contrats des industries extractives et des industries d’exploitation des ressources naturelles de façon à permettre aux peuples de connaître et donc de pouvoir maîtriser l’utilisation de leurs ressources.

Pour en finir avec le scandale des paradis fiscaux et judiciaires qui permettent, par le biais de grands contrats, militaires ou industriels, l’évasion de sommes colossales, (« commissions » de toutes sortes, « biens mal acquis » …) , la France agira avec détermination au niveau européen et international pour :- établir la traçabilité des transactions financières et la transparence des mouvements de fonds et des patrimoines.- Lutter contre l’impunité en renforçant la coopération judiciaire et fiscale entre Etats, en favorisant un espace judiciaire européen doté d’un pôle financier ayant accès au secret bancaire.

L’autre exigence consistera à imposer à toute entreprise détentrice d’un contrat sur projet, de susciter la naissance d’entreprises africaines pérennes et de créer en particulier un réseau de petites et moyennes entreprises travaillant en collaboration avec leurs homologues françaises de façon à créer un véritable tissu industriel. Une attention particulière sera portée à l’émergence ou au renforcement de syndicats forts en lien avec leurs homologues français en commençant par les industries extractives et les services publics délégués. Les tribunaux français seront aussi compétents pour juger les entreprises françaises et leurs filiales qui ne respecteraient pas la législation internationale du travail (en particulier concernant le travail des enfants) et les réglementations environnementales.

Interdiction sera faite aux entreprises françaises d’exporter leurs déchets –tout particulièrement les déchets nucléaires et chimiques- dans les pays africains et les entreprises qui ont eu recours à de telles pratiques devront être poursuivies et contraintes à réparer les dégâts humains et écologiques provoqués.

 

  • Quelles propositions faites-vous pour favoriser la souveraineté monétaire en Afrique ?

La révolution citoyenne et souveraine présuppose que chaque peuple soit responsable de sa politique monétaire, ce qui n’interdit pas l’idée de monnaie commune mais à la condition que ce ne soient pas des experts auto-désignés qui s’en saisissent pour mettre les peuples au service de l’économie.

La dette qui étrangle beaucoup de pays devra être auditée et réexaminée de façon à isoler ce qui doit effectivement être remboursé de ce qui relève de la notion de dette odieuse. Les cessions d’actifs publics seront systématiquement remis en question afin de vérifier que le prix payé par les acheteurs correspond bien à la valeur de ces actifs, faute de quoi ils seront transférés à des sociétés anonymes dans lesquelles l’Etat sera actionnaire à hauteur de la différence entre la valeur réelle et la valeur payée par ces acheteurs qu’ils soient locaux ou étrangers.

Le crédit doit être replacé sous le contrôle de la Banque Centrale de chaque pays : les facilités extravagantes accordées aux monopoles doivent être supprimées au bénéfice de l’expansion de crédits aux entreprises petites ou moyennes existante ou à créer.

Le Franc CFA qui fut d’abord « Franc des Colonies Françaises d’Afrique » avant de devenir « Franc de la Communauté financière africaine », même s’il présente l’intérêt d’être une monnaie commune régionale, présente le grave défaut de lier les choix financiers de cette partie de l’Afrique à la BCE et à l’Europe et  empêche les pays concernés d’entrer dans la construction d’une Banque centrale africaine.  Il est urgent de rendre aux banques centrales  la gestion de la politique monétaire  qui serait alors adaptée au cycle de leurs économies. Ceci s’accompagnerait d‘un abandon par la France de son droit de vote et de veto dans toutes les instances de ces banques,  de l’abandon de l’obligation de déposer 50% des avoirs des pays CFA à la Banque de France, ainsi que l’abandon du pouvoir du conseil des ministres français de décider des parités et dévaluations du CFA.

Cette réforme majeure, qui peut préfigurer d’autres évolutions en lien ou non avec la proposition de l’Union Africaine de créer une monnaie commune à toute l’Afrique, devrait permettre de mettre fin à la deuxième extraversion des économies africaines (la première étant les filières de rente) et autoriserait ces banques de jouer pleinement leur rôle dans le financement du développement. Nous devrions défendre le droit des gouvernements des pays africains, s’ils veulent bénéficier d’un minimum de moyen pour orienter les investissements publics, de prendre des mesures de prise de contrôle des filiales des banques privées, essentiellement françaises, qui constituent souvent le seul réseau bancaire existant.

La France Insoumise veut que la France rende aux pays africains de la zone CFA l’autonomie de gestion de leur monnaie, et leur rendre le choix de créer d’autres monnaies communes sur leur continent s’ils le souhaitent, en suscitant  les conditions économiques et politiques d’une évolution du Franc CFA sans que cela ne mette en péril les économies concernées ou ne renforce un autre type de prédation. Nous devons donc créer une instance de réflexion commune pour faire des propositions concrètes de sortie du système actuel tout en étant réalistes sur les conditions d’un succès d’une autonomisation qui ne doit en aucun cas nuire aux conditions de vie des populations concernées.

 

9   Quelle politique migratoire française et européenne proposez-vous ? Quel doit être le lien entre cette politique et l’ensemble de la politique française et européenne en Afrique ?

Nous ne parlerons pas dans ce chapitre des réfugiés politiques pour lesquels les lois de l’hospitalité doivent être garanties par la République. Nous évoquerons donc ci-après  les migrants économiques.

Nous récusons les discours et les politiques racistes et xénophobes qui utilisent comme des boucs-émissaires celles et ceux des migrant-e-s des pays d’Afrique notamment, qui sont trop souvent contraints d’émigrer en Europe parce que les conditions économiques dans leurs pays sont insupportables et/ou parce que les dictatures en place maintiennent leurs populations dans la misère et qui le font fréquemment au péril de leur vie.

C’est pourquoi, nous mettrons un terme à la stigmatisation et à la criminalisation de l’immigration, nous abrogerons les loi anti-immigration mis en place au cours des dernières années, et nous procéderons à une refonte du Code de l’entrée et du séjour des étrangers sur la base du respect le plus strict des droits des migrant-e-s et de la personne humaine et une régularisation des travailleurs sans-papiers.

Car la première question à se poser est : pourquoi les africains quittent leur pays ? Certainement pas par plaisir mais à cause du manque de démocratie, de l’instabilité de régimes qui ont d’autres priorités que l’emploi et le développement économique, de l’inadéquation des formations aux besoins etc… : il est de fait difficile de dissocier motivations économiques et motivations politiques.

La procédure d’obtention des visas, procédure actuellement difficile et d’un coût élevé avec parfois une externalisation de certains services, sera revue. Le visa « Balladur » sera supprimé aux Comores. Enfin, la décristallisation totale des pensions des anciens combattants sera mise en œuvre.

La politique de l’ « immigration choisie », en organisant la fuite des « cerveaux » africains (médecins et infirmières,  ingénieurs et cadres, professeurs) prive l’Afrique d’un facteur de développement essentiel. Nous devons favoriser la coopération scientifique et universitaire entre l’Afrique et l’Europe en accordant les autorisations de séjour aux étudiants et chercheurs africains  pour renforcer des systèmes d’éducation africains qui ont été parmi les secteurs les plus attaqués par les plans d’ajustement structurels. Il n’y aura donc surtout pas de quotas ou de critères de sélection des migrants africains en fonction de « nos besoins économiques » et aux dépends des pays du Sud.

Mais la France n’est pas qu’un territoire c’est aussi un système économique et social ; il nous faut donc trouver un équilibre entre la libre installation entrainant la remise en cause de notre modèle et la fermeture totale de ce droit entrainant l’augmentation des migrations clandestines. Rappelons qu’il y a 9 millions de pauvres en France et 15% de chômage réel. Des solutions (quotas par pays, conditionnalités touchant à la démocratisation des pays africains…) devront donc être négociées.

La création de secteurs d’activité dans les pays africains sera promue et accompagnée ; la formation aux métiers manuels de base sera développée afin de rendre autonomes des entreprises petites et moyennes dans l’artisanat et la petite industrie. Nous participerons aussi à créer les conditions de réinstallation au pays dans des conditions correctes et dans le cadre de projets de développement structurés, de cadres installés en France par nécessité.

Ceci suppose de laisser ouverte une possibilité de fluidité des migrations (allers-retours, possibilités de retour sans crainte de perdre son droit à revenir en France …).

De plus, les dispositifs publics de soutien aux initiatives des migrants d’origine africaine établis en France, en faveur du développement de leur pays d’origine seront élargis et renforcés, dans une véritable logique de co-développement et d’inclusion sociale des populations migrantes en France. Les commissions bancaires imposées aux migrants pour les transferts d’argent destinés au développement de leur région – dont le volume actuel est plus de 3 fois supérieur à l’Aide Publique française au Développement – seront contrôlées, via la mise en place de structures publiques pour le co-développement. Beaucoup d’associations villageoises contribuent au développement local et prennent souvent le relais de l’État (construction d’écoles, de lieux de soins), et ne le font que grâce aux transferts des émigrés qui  contribuent beaucoup au développement de leur pays d’origine.

 

10  Comment voyez-vous le rôle de la francophonie ? Quelle place accordez-vous aux échanges  interculturels entre France et Afrique ?

Francophonie :

La langue française était certes la langue du colonisateur mais elle est devenue une langue au pluriel et en particulier une langue africaine, une langue qui s’enrichit constamment de façon baroque en rencontrant les langues parlées ; elle doit nettement se situer du côté de l’en-commun qui présuppose une co-appartenance basée sur le partage entre de multiples singularités et non pas du côté de l’universel qui implique un rapport d’inclusion à une entité déjà constituée en l’occurrence ici une culture française qui continuerait à se prétendre au centre du monde. La langue française doit aussi redevenir une langue d’émancipation non plus dans sa totale identification avec la République française mais comme la langue qui replace l’autre au cœur de l’humanisme. La langue française doit donc devenir une langue de résistance à celle des anglo-saxons dans la mesure où elle véhicule un modèle de société de coopération et non de compétition, une société d’hospitalité et non de ségrégation communautaire.

C’est à ces seules conditions que nous soutenons la francophonie, une langue n’étant pas seulement un outil de communication, mais aussi le creuset de l’identité d’un individu, d’un peuple ou, comme dans ce cas précis,  d’une communauté de peuples unis par une histoire commune et tournés vers un avenir partagé. Hélas ! La francophonie qui nous est proposée ne correspond en rien à ce dessein.

L’institution dénommée Organisation Internationale de la Francophonie est devenue un instrument politique au service de la France qui profite du poids de ses pays membres pour rayonner à l’extérieur. Une institution qui promeut la langue française universelle au détriment des langues locales, qui sert à asseoir et à pérenniser des dictatures, qui se soucie peu des jeunes, qui admet en son sein des pays d’Europe de l’Est ou mieux encore de l’Asie du Sud-Ouest, du Moyen-Orient dont on ignorait qu’ils parlassent français (seuls 32 pays ont le français comme langue officielle ou partagée sur les 80 ! pays membres).

Alors qu’il s’agirait de réorienter l’OIF vers une communauté de cultures, de l’approfondir plutôt que de l’élargir, de renforcer son budget d’éducation au profit des peuples, c’est l’inverse qui est proposé comme feuille de route à Michaëlle Jean.

On citera dans cette feuille de route premièrement : la promotion d’une nouvelle stratégie économique, certainement en vue de mettre en œuvre les APE dévastateurs des économies africaines et pour protéger de l’expansionnisme chinois les intérêts économiques français et canadiens en Afrique, deuxièmement : la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes, prétexte très en vogue pour faciliter la (re)militarisation du continent. Le tout avec un budget en baisse.

L’Afrique Insoumise dénonce les orientations  de ce club affairiste au service des puissants qu’est devenu l’OIF et invite les peuples francophones à ne pas être dupes des tentatives de manipulation dont ils sont une fois de plus les victimes.

Vive une nouvelle francophonie de partage, de solidarité et de progrès !

Loin des « sommets de la francophonie » qui ont servi longtemps à maintenir des liens de domination entre la France et ses anciennes colonies, la promotion et le partage de la langue française peuvent être utilisée comme une passerelle entre les cultures. Un projet important de valorisation des relations culturelles ainsi que de l’histoire des immigrations africaines successives qui ont participé à l’histoire de France, sera mis en œuvre afin de lui reconnaître la place qui lui revient.

Sur le plan économique, la création d’une Banque de développement francophone permettrait une meilleure concertation et un meilleur usage des fonds mutualisés destinés au développement et à l’émancipation des peuples africains.

Sur le plan politique,  plutôt que des sommets France-Afrique dignes héritiers d’un passé colonial et post-colonial,  promouvons des sommets francophones   autour d’objectifs de progrès et d’émancipation partagés entre partenaires internationaux.

Regarder en face notre histoire commune :

Des commissions d’enquête parlementaire devront faire la lumière sur les responsabilités de la France dans les atrocités commises durant la colonisation (par exemple Cameroun et Madagascar). Elles enquêteront sur les implications de la France dans le génocide des Tutsis (Rwanda), coups d’Etat et renversements militaires (Côte d’Ivoire, assassinat de Thomas Sankara, Mauritanie…) en Afrique et obtiendront la dé-classification des documents secrets nécessaires à leur enquête. Tous responsables de génocide, crime de guerre, crimes contre l’humanité, actes contraires aux Conventions de Genève, vivant en France seront poursuivis et jugés. Il ne s’agit pas de verser dans la repentance systématique, toutes les conquêtes apportant aussi leur lot d’échanges et d’apports ne se limitant pas à la sphère économique. Il ne s’agit pas non plus de verser dans les compensations financières sauf cas particulier.  Mais seule la vérité du discours permettra, grâce à un soutien accru au travail des historiens et des scientifiques, de dépasser les problèmes récurrents qui empêchent un développement concerté entre les pays africains et la France mais aussi de réduire la fracture coloniale et de renforcer le vivre ensemble et l’intégration dans la République française des descendants des immigrations successives.

 

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6. Europe Ecologie les Verts : Yannick Jadot

(Réponse reçue le 21.02.17 avant le retrait du candidat)

La France vive – Yannick Jadot 2017

Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique

 

  • Vingt-sept ans après la fin de la guerre froide et le début de la fin des partis uniques, quel est, selon vous, l’état d’avancement de la démocratisation de l’Afrique ? A ce stade, comment la diplomatie française doit-elle considérer les pays sans alternances de président et de parlement?

Depuis le début des années 1990, le continent africain a connu une vague de démocratisation sans précédent. Celle-ci a vu l’instauration ou la restauration dans de nombreux pays du multipartisme, du pluralisme politique, économique et syndical, l’organisation d’élections disputées, l’adoption de nouvelles constitutions, etc. Si nous pouvons saluer des avancées démocratiques indéniables, notamment en Afrique de l’Ouest pour ce qui concerne les pays francophones, on doit déplorer de nombreuses résistances à ce mouvement, quand il ne s’agit pas de régressions. Ainsi, dans trop de pays encore, l’absence d’alternance perdure que ce soit au niveau de la présidence de la République ou du Parlement où l’ancien parti unique continue de bénéficier d’une hégémonie certaine. Dans tous ces pays, l’absence d’alternance n’est pas liée à un choix des citoyens mais à une manipulation des scrutins par le pouvoir en place.

La France s’accommode depuis trop longtemps de cette situation, quand elle ne la favorise pas, pour des raisons d’intérêts économiques, commerciaux, géostratégiques ou politiques. L’arrivée au pouvoir de François Hollande, en 2012, a pu laisser penser que la France reverrait sa position dans une logique plus favorable à une véritable démocratisation de ces pays mais une mauvaise appréciation des enjeux migratoires et de sécurité pour la France en Afrique a réduit cet espoir à néant.

Dans ses relations avec les pays africains, François Hollande avait toutefois inauguré en 2012 une pratique juste et cohérente : traiter avec les chefs d’Etat dans les pays démocratiques ou cette représentation est légitime ; traiter avec les chefs d’Etat et également avec les représentants de l’opposition dans les pays non démocratiques. Il est dommage que cette pratique ait été abandonnée en cours de mandat.

Que peut faire la France ? Elle doit déjà commencer par cesser de considérer ces pays comme des démocraties et prendre réellement la mesure de leur caractère dictatorial ou à tout le moins autoritaire et illégitime. La France doit également cesser de se mettre en position de nuire à la lutte pour la démocratie et l’alternance dans ces pays, par exemple en reconnaissant ou légitimant les coups de force électoraux de leurs dirigeants et en affaiblissant ainsi les forces démocratiques et pacifiques internes.

La France doit être à la pointe, tant au niveau national qu’européen, de la promotion d’une démocratie réelle en Afrique. Il ne s’agit évidemment pas de reproduire certains errements du passé, en essayant notamment d’imposer la démocratie de l’extérieur. Au niveau national, il s’agit, par exemple, pour la France de revoir sa coopération militaire et de réaménager sa coopération économique à l’aune du respect des principes démocratiques.

Pour des raisons d’efficacité, mais aussi du fait du passé et du passif historique de la France dans ses relations avec ses anciennes colonies et d’autres pays du continent, son action ne doit pas se limiter à un niveau bilatéral mais doit également s’inscrire dans une démarche européenne dont la France se doit d’être le fer de lance. Le traité de Lisbonne, dans ses dispositions relatives à la coopération au développement, et les accords de Cotonou, conclus avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), engagent déjà l’Union européenne à assurer la cohérence de sa politique avec les enjeux démocratiques en Afrique.

Il est de notre devoir et de notre intérêt que les dispositions de ces textes soient effectivement appliquées et ne se limitent pas à des déclarations d’intentions.

 

  • Quel est votre position sur les processus électoraux contestés et les inversions de résultat présumés ? Quels moyens proposez-vous pour que s’améliore la qualité technique des processus électoraux en Afrique ?

Il est regrettable que les protestations de la France et de l’Union européenne concernent surtout les coups de force électoraux les plus flagrants et se montrent plus discrètes dès lors que les manipulations sont moins visibles mais pourtant évidentes. On peut également déplorer qu’elles optent un peu trop souvent pour une diplomatie de la discrétion supposée être plus efficace mais dont l’objet réel semble être de plutôt de ne pas bousculer certains intérêts. Au contraire, la prise de position de la France et de l’Union européenne se doit d’être publique pour être réellement efficace et entendue tant par les pouvoirs en place que par les populations et l’ensemble de la communauté internationale.

Surtout, la France et l’Union européenne doivent contribuer à une amélioration de la qualité du processus électoral en l’accompagnant dès sa phase amont. Il s’agira notamment de s’assurer qu’un certain nombre de pré-requis seront satisfaits comme, par exemple, le respect des droits humains et des libertés publiques (manifestation, expression, réunions,…). Il s’agira aussi de veiller à l’indépendance des structures et institutions en charge de l’organisation de l’élection ainsi qu’au caractère inclusif de celle-ci ou encore à la qualité du fichier électoral. Il s’agira donc également de prévoir tout un ensemble de dispositifs et de moyens permettant aux partis d’opposition et à la société de jouer pleinement leur rôle dans la vie démocratique.

La France et l’Union européenne doivent faire de la démocratisation un enjeu des négociations internationales. La France doit notamment être porteuse d’une proposition d’intégrer la question des élections et de leur accompagnement dans le cadre qui régira les relations UE-ACP après Cotonou, à partir de 2020.

L’accompagnement sera encore plus efficace s’il résulte d’une collaboration entre l’Union européenne, l’Union africaine et les Nations unies. Un moyen d’aider l’UA à mieux contribuer à la qualité des processus électoraux, au-delà de leurs aspects techniques, serait de conditionner certaines aides et certains programmes de coopération à la ratification, et non pas à la simple signature, de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. La coopération entre l’UE, l’UA et l’ONU pourrait également prendre la forme de missions d’observation communes qui pourraient être systématisées dans le cadre appelé à remplacer celui des accords de Cotonou. Ces trois institutions pourraient également soutenir toute initiative africaine ayant pour objet la limitation des mandats présidentiels et législatifs, voire l’inscription de son principe dans la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.

Pour ne pas entamer leur crédibilité, la France, l’UE et les Nations unies ne peuvent s’accommoder d’une apparence de légalité et ne doivent pas hésiter à sanctionner de manière systématique les coups de force électoraux et constitutionnels, quelles que soient leur forme. L’UE peut notamment activer l’article 96 des accords de Cotonou et procéder à des sanctions ciblant les responsables des malversations et des éventuelles violences post-électorales. D’autres sanctions au niveau de l’aide et de la coopération, peuvent également être activées en veillant à ce qu’elles touchent le moins possible les populations.

 

  • Quelles sont vos priorités concernant l’action de l’armée française en Afrique ? L’armée française doit-elle avoir dans ses missions d’aider à la progression de l’Etat de droit ?

La prévention et la résolution non-violente des conflits représente une valeur fondamentale de l’écologie politique. Elle s’avère indispensable pour analyser et répondre à la montée des crises sur la sécurité internationale dans ses diverses dimensions (énergie, ressources naturelles, alimentation, climat, migrations…). La politique étrangère de la France en matière de sécurité collective doit viser à contribuer à la mise en place d’un nouvel ordre mondial organisé dans le cadre de Nations unies dûment démocratisées. C’est notamment dans ce contexte que les écologistes prônent parmi les mesures urgentes la réorientation de la politique de défense vers une défense européenne commune, indépendante des Etats-Unis et d’une OTAN qui devra être dissoute dès que la défense européenne sera devenue opérationnelle.

L’une des conséquences pour l’Afrique sera une réduction des OPEX. Il s’agira aussi d’établir un véritable contrôle démocratique de ces interventions extérieures, de décider des opérations extérieures sous mandat international et sous le contrôle démocratique du Parlement national et européen, avec des consultations ouvertes aux ONGs spécialisées. Le principe de l’engagement des forces ne pourra se faire que dans le cadre d’un mandat international de l’ONU. Enfin, le contrôle de la représentation nationale sera renforcé par l’obligation d’un vote du Parlement dans un délai rapide pour tout engagement extérieur et de la publication de tous les traités (ratification explicite). L’action combinée entre un futur Conseil européen de défense et de sécurité, élaborant un projet de la PESD, et son vote par le Parlement donnera toute sa légitimité et sa dimension opérationnelle à une politique européenne de sécurité et de défense. Afin de garantir leur légitimité, les interventions extérieures de l’UE reposeront sur des critères communs parmi lesquels la légalité internationale, le consentement démocratique, la proportionnalité, le dernier recours, les conséquences écologiques et humanitaires.

Il s’agira également de sortir réellement, de la Françafrique. L’instauration d’un contrôle parlementaire de décision militaire de l’Élysée, l’encadrement strict des missions de service secret français, devront eux aussi être mis en œuvre. La fermeture et le démantèlement des bases militaires françaises à l’extérieur seront programmées dans la mandature. La France pourra alors demander à ses alliés d’en faire de même de façon légitime afin de créer un mouvement vertueux de démilitarisation à l’échelon international. Le maintien éventuel de certaines bases qui se justifierait par des risques sérieux d’instabilité régionale sera renégocié dans le cadre d’un mandat international.

La coopération militaire et policière de la France et de l’UE est également à revoir en profondeur, en l’indexant notamment à la nature réellement démocratique du pays : la France et l’UE ne peuvent à la fois promouvoir la démocratie et l’alternance tout en fournissant les Etats qui y sont réfractaires en moyens répressifs et de surveillance dont la vocation première est d’empêcher l’atteinte de ces objectifs.

 

  • Quelles doivent être les priorités de la politique de l’Union européenne en Afrique ? Cette politique est-elle aujourd’hui suffisamment définie ?

Plus que jamais, l’interdépendance entre les différentes régions du monde relève de l’évidence. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne les liens entre l’Europe et l’Afrique. Malheureusement, on ne peut que constater que la politique de l’Union européenne en Afrique ne tire pas toutes les conséquences de cette situation.

Les relations entre l’Union européenne et l’Afrique reposent sur des fondements juridiques plutôt ambitieux, notamment l’accord de Cotonou relatif à la coopération de l’UE avec les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et la Stratégie conjointe UE-Afrique de 2007, qui comprennent tous deux des dimensions politique, économique et relative au développement. Toutefois, confrontée à une crise migratoire majeure et à des enjeux terroristes, l’UE ne propose pas forcément les réponses les plus adaptées et se livre même à des renoncements coupables et dommageables. Parmi les renoncements, on peut citer ceux relatifs à la démocratie et aux droits humains : les exemples récents du Tchad, de Djibouti ou du Congo-Brazzaville illustrent cette tendance à privilégier les réponses sécuritaires au détriment du reste, quitte à conforter et renforcer les dictatures les plus répressives. Le sommet de La Vallette de 2015 est également un exemple de ces mauvaises réponses où l’Europe sous-traite la gestion de ses flux migratoires à quelques-unes des pires dictatures du continent, les renforçant par la même occasion et amplifiant à terme le problème au lieu de le régler.

Une politique efficace de l’Union européenne se doit d’être globale et équilibrée. La dimension sécuritaire est légitime mais est condamnée à l’échec si la politique européenne ne repose pas dans le même temps sur les piliers de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la justice sociale et environnementale. En effet, au vu des interactions entre nos deux continents et avec le reste du monde, il n’est plus possible pour les Européens d’ignorer les enjeux climatiques et écologiques en Afrique. Tous ces éléments doivent se trouver systématiquement au cœur des relations entre l’UE et l’Afrique.

Plusieurs des politiques à envisager impérativement par la France et l’Union européenne sont présentées dans les points suivants.

En outre, les écologistes appellent à supprimer les institutions non représentatives telles que le G8 ou le G20 et à redonner à l’ONU sa place centrale tout en la renforçant et en la démocratisant pour lui permettre de mieux jouer son rôle. Dans ce contexte, la France et l’Union européenne devraient œuvrer pour que l’Afrique dispose d’un poste permanent au Conseil de sécurité.

 

  • Que proposez-vous de faire concernant l’agriculture, l’environnement et le climat en Afrique ?

Les fondements juridiques des relations entre l’UE et l’Afrique ne reposent pas que sur les accords signés entre les deux entités mais également sur des textes internationaux comme l’Accord de Paris sur le climat ou les Objectifs de développement durable de l’ONU à l’horizon 2030. Ces textes mettent en évidence qu’il y a une interdépendence et une interaction entre ces trois enjeux.

Soutenir une agriculture auto-centrée et respectueuse de la souveraineté alimentaire

Les émeutes en 2008 et la nouvelle flambée des prix en 2010-2011 ont été les révélateurs des nombreuses failles et de nombreux dangers du système libre échangiste mondial actuel pour l’agriculture : ruines des paysanneries jugées  peu productives, livrées à la concurrence d’entreprises intensives mieux équipées du Nord ou extensives du Sud et de l’Est, abandon des stocks de sécurité alimentaire locaux et internationaux, gestion spéculative des matières premières agricoles, substitution par des agrocarburants ou par la production de viande moins accessible aux plus pauvres, accaparement des terres et déforestation, chômage massif dans les bidonvilles croissants de la planète, irrégularité climatique, crise des prix et crise alimentaire.

Mesures proposées :

  • soustraire l’agriculture au libre-échange, protéger les prix donc les revenus des petits producteurs  familiaux seuls à même d’obtenir durablement une souveraineté alimentaire et d’éviter leur exode vers des mégalopoles sans emploi
  • mettre fin aux subventions d’une agriculture exportatrice, nuisible pour les écosystèmes européens et destructrices des économies locales
  • payer les productions vivrières des paysans à des prix rémunérateurs assez élevés et assez stables, pour leur permettre de vivre dignement de leur travail, d’investir et de progresser, pour mieux se nourrir eux-mêmes et mieux contribuer à nourrir les villes et, ainsi, éradiquer la faim.
  • aider financièrement les paysanneries à passer à des techniques adaptées utilisant les savoirs faire locaux
  • lutter contre les fausses solutions de la COP21 et de la COP22 pour l’agriculture (initiative 4 pour mille, climate smart agriculture…) qui portent en elles des risques d’accaparements de terre, de financiarisation de la nature, ou de promotion d’intrants chimiques et d’OGM.

Cette stratégie est la condition pour assurer la relance de l’agriculture paysanne, le développement économique, la justice climatique et le retour à la sécurité alimentaire des pays les plus pauvres

Solidarité environnementale et justice climatique

Mesures afin de protéger l’environnement :

  • reconnaissance de la notion d’écocide (dont « crime climatique ») par la Cour pénale internationale
  • création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement, dont les préconisations auront valeur juridique supérieure à celles de l’OMC
  • reconnaissance des écocides et des crimes contre la nature, renforcement du droit international en matière de pollutions, notamment la reconnaissance des crimes environnementaux
  • Aider les pays africains à opérer une transition vers une politique énergétique décarbonée
  • Orienter vers l’Afrique l’essentiel du Fonds vert, et non les 23 % actuellement prévus, afin notamment de financer l’adaptation au changement climatique.

 

  • Comment concevez-vous le développement en Afrique ? Quelle doit être la place de l’Aide publique française et européenne ? Quelle est votre position sur les Accords de partenariat économique (APE) ?

Une coopération pour le développement reposant sur les ODD

C’est, bien entendu, aux pays africains de définir leur développement mais celui-ci doit s’inscrire dans la lutte mondiale contre le changement climatique. D’ailleurs, l’adoption à quelques mois d’intervalle, entre juillet et décembre 2015, des Objectifs du développement durable (ODD), de l’accord de Paris sur le climat ainsi que de la conférence de l’ONU sur le financement du développement, a été à chaque fois l’occasion de rappeler le lien nécessaire entre développement et lutte contre le changement climatique.

Les ODD constituent une feuille de route pour le développement à l’horizon 2030 partagée par les 193 pays signataires, du Nord comme du Sud. Ces ODD couvrent les trois piliers du développement durable : économique, social et environnemental. L’ambition de l’Agenda 2030 est d’assurer la cohérence des politiques publiques à la fois au sein d’un même pays et entre les pays.

Pour toutes ces raisons, les écologistes proposent que la France et l’Union européenne mettent en place une véritable coopération avec l’Afrique pour le développement adossée aux ODD. Ceux-ci étant transversaux et la démarche holistique, les objectifs environnementaux ont une importance égale aux autres, car il n’y a pas de réduction durable de la pauvreté et d’accès aux droits sans préservation des écosystèmes locaux et mondiaux.

L’APD : un engagement à respecter, un dispositif à repenser

  • Augmenter l’Aide rapidement à hauteur de 0,7% du PIB, conformément à nos engagements internationaux, selon un calendrier contraignant, et la rendre totalement transparente.

–     Prioriser enfin dans l’APD et dans les financements et programmes de l’AFD l’aide aux ODD des 47 « pays les moins avancés » (pour la plupart africains), la lutte contre la pauvreté et les inégalités, et les dons par rapport aux prêts.

  • Cesser la substitution massive (AFD-CDC, UE, Fonds vert) des financements et projets climatiques aux financements de l’APD et les flécher prioritairement vers les PMA (aux 2/3 africains) et les Etats insulaires, en privilégiant leur adaptation au changement climatique et en amorçant l’accès de tous et toutes, aujourd’hui abordable et finançable, à une énergie renouvelable.
  • Stopper l’évolution visible de l’APD vers des accords de gestion migratoire contre APD, aussi illusoires que contraints.

Les APE : des accords nocifs à rejeter

  • Ils reposent sur un ultra-libéralisme en totale contradiction avec les enjeux de l’accord de Paris sur le climat et de l’Agenda 2030
  • l’ouverture totale des frontières africaines aux produits agricoles européens ruinerait la petite paysannerie et réduirait à néant la possibilité d’une souveraineté alimentaire.
  • Que proposez-vous en matière de Responsabilité sociale des entreprises (RSE), de transparence des contrats, de respect des droits humains par les entreprises, de commerce équitable ?

La mondialisation a multiplié les relations commerciales en leur donnant la primeure sur toute autre considération. D’où un dysfonctionnement à grande échelle du droit international comme national, qui échoue à protéger et faire prévaloir les droits humains et la préservation des ressources. Le libre-échange mondial est un outil extrêmement efficace pour les multinationales dans la défense de leurs profits et de leurs intérêts. En effet, même si, en principe, la hiérarchie des normes de droit international donne la primauté à celles issues de la Charte internationale des Droits de l’Homme des Nations unies, sauf exception seul le droit commercial international (issu de l’OMC et des traités commerciaux ou d’investissement) est contraignant dans les faits.

De plus en plus concentrées, avec des ramifications et propriétés croisées, les multinationales ont acquis un pouvoir inégalé, parfois plus important économiquement que nombre d’Etats. Elles échappent ainsi à tout contrôle, d’autant plus que les puissances publiques sont soumises à un intense lobbying. Celui-ci aurait dépassé dans les deux plus grosses puissances économiques mondiales (Europe et Etats-Unis) un milliard de dollars, réparti à égalité entre les deux entités. Chaque jour, leurs activités, celles de leurs filiales et de leurs chaînes d’approvisionnement, affectent la vie de centaines de millions d’êtres humains et l’avenir de la planète. Quels que soient la gravité des faits et le nombre de victimes, actuellement aucun instrument juridique international ne les concerne.

De fait, nous assistons depuis plusieurs décennies au développement d’un « droit global mou », c’est-à-dire un droit émanant d’indicateurs, standards, codes de conduites et bien sûr des « usages, pratiques et coutumes du commerce transnational » et non plus de processus législatifs démocratiques. Mais cette primauté n’est pas neutre : elle consacre le laisser-faire et le consentement généralisé des États à des types de régulation, soit disant par le marché, qui favorisent les acteurs économiques transnationaux. Ce qui rend plus difficiles les revendications des mouvements sociaux, citoyens, associations de même que la préservation de la nature.

Les écologistes proposent de :

  • soutenir, dès 2017, la proposition de Traité international des peuples pour le contrôle des sociétés transnationales, élaboré par des mouvements citoyens dans le cadre de la Campagne globale pour démanteler le pouvoir des multinationales ;
  • reconnaître la responsabilité des multinationales : en soutenant activement la proposition d’un Traité international visant à « créer un instrument international juridiquement contraignant sur les sociétés transnationales et autres entreprises et les droits de l’Homme », en discussion depuis l’adoption de la résolution 29/6 au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies en 2014 ;
  • renforcer la responsabilité sociale et sociétale (RSE) pour les multinationales françaises en intégrant à la législation française un devoir de vigilance des sociétés-mères et en demandant que l’Union européenne s’en saisisse à son tour
  • Faire du principe pollueur-payeur une norme comptable en intégrant les externalités négatives sur l’environnement dans les comptes des entreprises
  • Stopper toute subvention à l’exportation de biens ou services polluants

 

  • Quelles propositions faites-vous pour favoriser la souveraineté monétaire en Afrique ?

La zone franc et le franc CFA constituent une anomalie, une survivance de la colonisation. L’acronyme CFA signifiait d’ailleurs à ses débuts « colonies françaises d’Afrique ». Plus de 50 ans après leur accession à la souveraineté nationale, les anciennes colonies française en Afrique subsaharienne ne jouissent toujours pas d’une souveraineté monétaire pleine et entière. Leur monnaie, le franc CFA arrimé à l’euro (hier au franc) est sous la tutelle du Trésor français. Régulièrement présenté comme un outil au service des pays africains, le franc CFA est d’abord et essentiellement un instrument au service des interêts français.

Les pays de la zone CFA doivent déposer 50 %  (65 % jusqu’en 2005) de leurs réserves de change au Trésor public. Non seulement cela prive ces pays de la moitié de leurs recettes, mais cela permet également à la France d’effectuer des placements à son profit et – comble de cynisme – de comptabiliser les intérêts versés aux banques centrales de la zone en Aide publique au développement !

Hier lié au franc français, le franc CFA est désormais arrimé à l’euro. Cette monnaie est bien trop forte pour l’économie de ces pays et produit de nombreux effets pervers qui sont autant de freins à leur développement : elle contribue fortement à maintenir ces pays dans une position d’exportateurs de matières premières tout en limitant les possibilités d’échanges interafricains, elle facilite la fuite des capitaux… C’est un non sens complet.

La coopération monétaire de la France avec les pays de la zone CFA doit être  revue d’urgence. Il faut notamment mettre fin au droit de veto dont la France bénéficie de facto dans chacune des Banques centrales de la zone et empêchant ces banques de pleinement remplir leur mission de financement de l’économie. La France doit également abandonner le pouvoir de décider des parités et dévaluations du CFA. La coopération monétaire avec l’ensemble des pays africains doit désormais être discutée et mise en place au niveau de l’Union européenne. C’est notamment à ce niveau que le projet de monnaie unique lancé par l’Union africaine sera le mieux suivi et éventuellement supporté.

La situation actuelle constitue non seulement un frein au développement des pays de la zone franc mais également une entrave à leur contribution pour atteindre les objectifs ambitieux et vitaux pour le climat et le développement durable définis au niveau mondial lors des conférences onusiennes de 2015 sur le climat, à Paris, le développement durable, à New York, et le financement du développement, à Addis Abeba.

 

  • Quelle politique migratoire française et européenne proposez-vous ? Quel doit être le lien entre cette politique et l’ensemble de la politique française et européenne en Afrique ?

La politique migratoire européenne repose essentiellement sur les articles 79 et 80 du Traité sur le fonctionnement. Elle se veut globale, équilibrée et solidaire. Malheureusement, cers dernières années, sous l’impulsion des gouvernements conservateurs, qui ont privilégié une approche nationaliste et sécuritaire, le projet européen s’est vue enfermé dans une vison répressive et de repli. L’UE doit sortir de sa logique de forteresse : l’Europe doit rester fidèle à sa vocation initiale et oeuvrer pour une mondialisation humaine et solidaire. Dans cette optique, il faut abroger la directive Retour et supprimer l’interdiction de réadmission. Il faut également reformer le dispositif Frontex dans un sens plus humanitaire, abandonner la Convention de Dublin et créer une Agence  européenne des migrations.

La logique ultra-sécuritaire de la politique migratoire européenne se traduit également par la sous-traitance du contrôle de ses frontières. D’abord bilatérales, ces formes de coopération entre l’UE et des pays tiers ne cessent de se multiplier, y compris avec des dictatures particulièrement répressives, et semblent appelées à se développer encore plus comme le laisse penser le Conseil européen de Malte en février 2017. Dans le même esprit, non seulement l’UE recourt de plus en plus souvent au chantage à l’aide au développement pour obliger les pays bénéficiaires à appliquer sa politique migratoire, mais en plus cette « aide » concerne non des projets de développement mais des outils de contrôle migratoire.

Cette approche ultra-sécuritaire est incohérente et vouée à l’échec. Non seulement, elle ne s’attaque pas aux causes profondes et réelles des migrations mais en plus elle les alimente et les aggrave.

Afin de faire face à des causes multiples et souvent imbriquées (conflits, violations des droits humains, pauvreté, changements climatiques,…), l’UE n’a pas d’autre choix que celui de la solidarité, que ce soit entre ses membres mais également avec le reste du monde, et d’opter pour l’approche globale et holistique préconisée par l’Agenda 2030 et ses 17 ODD.

 

  • Comment voyez-vous le rôle de la francophonie ? Quelle place accordez-vous aux échanges interculturels entre France et Afrique ?

Les questions stratégiques, de puissance se poseront de moins en moins en termes militaires et de plus en plus en questions d’influences. Le culturel est donc amené à prendre une importance de plus en plus forte. Pour EELV, la culture est un élément consubstantiel du projet écologiste. C’est encore plus vrai quand la mondialisation culturelle attise les crispations identitaires et encourage la consommation effrénée de biens culturels standardisés. Sans compter que dans un monde en tension, la coopération culturelle constitue un moyen de prévention des conflits. Plus encore qu’hier, le combat pour la francophonie devient un élément culturel pour tous les pays ayant en partage la langue française. Ce combat doit sortir d’une approche défensive et passéiste, une logique de repli, pour mieux s’inscrire dans une vision positive et ouverte. Il ne s’agira notamment plus de défendre des parts de marché linguistiques mais de promouvoir la diversité culturelle de la même manière que nous, écologistes, défendons la biodiversité.

Il existe déjà des textes sur lesquels il sera possible de s’appuyer : la convention de l’Unesco relative à la diversité culturelle, l’Agenda 21 de la culture adopté par Cités et Gouvernements Locaux Unis, la Charte des droits culturels de Fribourg, ou encore, pour l’Afrique, la Charte de la renaissance culturelle africaine.

Dans cette logique, la francophonie ne peut se résumer à une défense de la langue française mais doit, au contraire, participer à la défense d’autres aires culturelles en situation de faiblesse ou de fragilité. La promotion de la diversité culturelle ainsi définie constituera un bien meilleur soubassement pour le développement des relations de tous ordres, mutuellement bénéfiques et durables.

Il faudra sortir d’une logique de domination encore trop souvent présente et manifeste. Cela signifiera, par exemple dans le cas de l’Afrique, que la France ne pourra se borner à y promouvoir sa culture, ses valeurs, son histoire mais qu’elle devra développer et montrer dans le même temps une plus grande capacité à assumer leur passé commun (colonisation, histoire des immigrations africaines…), ainsi qu’à favoriser l’expression culturelle de jeunes artistes et auteurs africains, quelle que soit la langue dans laquelle ils s’expriment.

Si la démarche de la France pour promouvoir cette francophonie moderne sera amenée à être en partie bilatérale, son action sera bien plus efficace, au global, si elle privilégie une approche multilatérale. Elle pourrait notamment prendre des initiatives conjointes avec de grands pays francophones comme le Canada, la Suisse et la Belgique, pays qui présentent d’ailleurs l’intérêt de ne pas être exclusivement francophones. La France pourrait également s’appuyer sur l’Union européenne, dont les pays membres ont eux-mêmes intérêt à défendre la diversité culturelle et à prêter attention à ses enjeux économiques et stratégiques.

Parmi les mesures à développer, il faut réfléchir à la transformation de nos Instituts français en Instituts francophones à vocation à la fois culturelle et scientifique, qui ne serait plus financés que par la France et dont la gestion pourrait être confiée à l’OIF. Il faudra également aider activement, notamment dans les pays africains qui représenteront d’ici 2050 80% de la communauté francophone, le système éducatif à se développer.

Une telle politique implique nécessairement de sortir de nos vieux schémas hérités de la période coloniale, de cesser de voir la culture comme la « cerise sur le gâteau » de notre politique de développement mais également de revoir notre politique migratoire. Ces dernières années, nous avons relevé bien trop de cas de tracasseries administratives voire de refus de visas à l’encontre d’artistes étrangers invités à se produire en France ou d’étudiants et chercheurs pourtant bénéficiaires de bourses d’excellence ou de recherche. Une réflexion est à engager pour la mise en place d’un visa francophone.

 

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Fin des 6 réponses

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Candidats questionnés pour lesquels aucune réponse n’a été reçue

1. Les Républicains + Parti chrétien-démocrate (PCD) + Centre national des indépendants et paysans (CNIP) + Union des démocrates et indépendants (UDI) : François Fillon

2. La France qui ose : Rama Yade

3. Modem : François Bayrou (décision d’ici début février, 12.16: non candidat finalement)

4. Nouveau Parti anticapitaliste : Philippe Poutou

5. Rassemblement pour la démondialisation : Jacques Nikonoff

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7 réflexions sur “Politique française en Afrique : 10 questions aux candidats de la présidentielle

  1. […] Le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique a posé 10 questions sur la politique africaine de la France aux candidats de la présidentielle du 23 avril et 7 mai 2017.  Voici les 10 réponses du Candidat Jean-Luc Mélenchon publiées avec l’aimable autorisation de Régis Marzin. (Réponses reçues le 14.02.17 sous la forme résumé et sous la forme longue comme tous les autres candidats) Les réponses des autres candidats peuvent être consultées sur le lien ci-dessous.  https://electionsafrique.wordpress.com/2016/12/19/politique-francaise-en-afrique-10-questions-aux-ca… […]

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