Djibouti – massacre du 21 décembre 2015 et attaque par IOG du processus électoral : 3 communiqués à Paris
- Parti communiste français, 7 janvier 2015 : Djibouti : le PCF demande une enquête internationale sur les massacres
- Plateforme Panafricaine, Paris, le 31 décembre 2015 : ‘Djibouti : la Plateforme panafricaine exige la libération immédiate de tous les prisonniers politiques et le respect des droits de l’opposition politique’
- Parti de Gauche, 30 Décembre 2015, Pierre Boutry – président de la commission Afrique du Parti de Gauche : ‘Djibouti – IOG massacre son opposition sous les yeux indifférents de la communauté internationale’
- Europe Ecologie les Verts, 24 décembre 2015 : ‘Djibouti : stopper l’escalade meurtrière, impliquer la communauté internationale’
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Djibouti : le PCF demande une enquête internationale sur les massacres (PCF)
7 janvier 2016
Le 21 décembre 2015, les forces du régime du dictateur Ismaël Omar Guelleh ont commis un carnage dans le quartier de Buldhuqo (faubourg de la capitale) lors d’une cérémonie traditionnelle. La FIDH parle de 27 morts et 150 blessés. Dans l’après midi, la police a attaqué une réunion des dirigeants de l’USN, une coalition de sept partis d’opposition, causant de graves blessures à son président Ahmed Youssouf, à l’ancien ministre Hamoud Abdi Souldan et au député Saïd Houssein Robleh.
Cet assaut contre des civils, le pire depuis le massacre d’Arhiba qui avait fait 59 morts en 1991, s’inscrit dans une logique de chaos et de répression. Entre octobre et décembre plus de 300 personnes ont été arrêtées arbitrairement, responsables politiques de l’USN, militants associatifs et citoyens accusés de complicité avec le FRUD (Front pour l’unité et la restauration de la démocratie).
Après le 21 décembre, plusieurs dirigeants de l’USN, ont été arrêtés, parmi lesquels le secrétaire général de l’organisation ainsi que l’ancien ministre Hamoud Abdi Souldan. Le président de la LDDH, Omar Ali Ewado qui a diffusé la liste des personnes tuées, blessées ou disparues, a été à son tour arrêté et écroué pour « diffusion de fausses nouvelles ».
Cette répression que connaît le pays depuis 25 ans est révélateur d’une grave crise que traverse le régime, face à une contestation généralisée. Des populations civiles sont régulièrement prises pour cibles, en les privant d’accès aux points d’eau dans certaines régions pour les punir de leur supposée complicité avec le FRUD ou l’USN. La terreur vise a empêcher toute alternative démocratique, à la veille de l’élection présidentielle prévue en avril. Le dictateur Guelleh est prêt à tout pour s’assurer un 4e mandat. D’où son refus d’appliquer l’accord cadre signé en décembre 2014 avec l’USN.
Le PCF demande l’arrêt immédiat de la répression et la libération de tous les prisonniers politiques, notamment le plus ancien d’entre eux, Mohamed Ahmed dit Jabha.
Une enquête internationale sur les massacres de Buldhuqo (décembre 2015) et d’Arhiba (décembre 1991) ainsi que sur les autres crimes de masse doit être menée pour qu’une justice impartiale puisse poursuivre les responsables.
La France qui possède une importante base militaire à Djibouti doit agir et ne pas se contenter d’exprimer de simples « inquiétudes ».
Le gouvernement français et l’UE doivent favoriser un dialogue national entre les différents acteurs politiques et permettre une transition démocratique, avec une élection transparente en avril 2016. Ils doivent tout faire pour aider à trouver une solution au conflit armé et mettre fin aux massacres, arrestations et tortures, et aux viols des femmes Afar par l’armée du régime.
NB : Seconde version avec des revendications différentes : Le PCF dénonce la spirale meurtrière du régime à Djibouti : http://mouvementcommuniste.over-blog.com/2016/01/le-pcf-denonce-la-spirale-meurtriere-du-regime-a-djibouti.html
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Djibouti – IOG massacre son opposition sous les yeux indifférents de la communauté internationale
Mercredi 30 Décembre 2015
Pierre Boutry – président de la commission Afrique du Parti de Gauche
Le Président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh (IOG, au pouvoir depuis 1999) qui brigue un quatrième mandat en muselant l’opposition regroupée dans une Union pour le Salut National (USN) a profité des attentats de Paris pour décréter un état d’urgence.
Rappelons que la victoire aux élections législatives de février 2013 était acquise à l’USN mais que cette victoire lui a été dérobée par la pouvoir. L’USN avait accepté de signer en décembre 2014 un accord-cadre portant notamment sur des « réformes démocratiques » qui prévoyaient, entre autres, l’établissement d’une Commission électorale nationale indépendante (Ceni). A quatre mois des élections présidentielles prévues en avril 2016, ces réformes sont au point mort.
A cela s’ajoute une répression croissante contre les membres et dirigeants de la coalition USN soupçonnés de vouloir organiser des rassemblements. Une quarantaine de militants de l’USN et simples sympathisants sont détenus entre les prisons de Gabode et Nagad à Djibouti-ville depuis le décret du 25 novembre 2015 interdisant tout rassemblement pendant deux mois soi-disant pour mesure de sécurité. Le 14 décembre Daher Ahmed Farah, porte-parole de l’USN et président du MRD, a été arrêté près de son domicile, alors qu’il se rendait au palais de justice pour soutenir de jeunes démocrates arrêtés aussi.
La police a ouvert le feu lundi 21 décembre sur les participants d’une réunion privée dans la ville de Balbala, en périphérie de Djibouti ville. Vingt-cinq personnes ont été tuées et une cinquantaine blessées. Les personnes visées seraient les membres de la communauté Yonis Moussa venus célébrer une cérémonie traditionnelle culturelle.
Mr Abdourahman TX a été arrêté au cours de l’assaut sanglant qui a été mené dans la maison où se tenait la réunion du haut conseil de l’USN lundi 21 décembre et il a ensuite été torturé ainsi que d’autres militants selon la Ligue Djiboutienne des Droits Humains. Le président de l’USN Mr Ahmed Youssouf Houmed a été gravement blessé et souffre d’une fracture au col du fémur, l’ancien ministre Mr Hamoud Abdi Souldan ainsi que le jeune député USN Saïd Houssein Robleh ont tous été blessés au cours de cet assaut et sont hospitalisés à l’hôpital militaire français Bouffard. Mais depuis hier, la police Djiboutienne mène un siège devant l’hôpital Bouffard et veut récupérer les trois blessés MMr Youssouf, Hamoud et Houssein pour interrogatoire.
Il y a là, incontestablement une dérive de la garde à vue : la torture, la prison et le massacre sont devenus le programme du régime d’IOG, pour faire passer en force son quatrième mandat.
IOG se croit fort des appuis internationaux que lui confèrent de nombreuses bases militaires internationales installées à Djibouti (Etats-Unis, France, Allemagne, Italie, Japon, et désormais Chine) mais c’est aussi son point faible si la communauté internationale conditionne le paiement des loyers de ces bases au respect des droits démocratiques.
Le Parti de gauche s’inquiète du sort réservé aux responsables de l’USN et dénonce avec vigueur l’indifférence du gouvernement français face au cycle de la répression.
Le Parti de gauche exige du gouvernement français qu’en raison de l’ancienneté des liens entre Djbouti et la France, il prenne la tête d’une initiative internationale afin de faire pression sur IOG.
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Djibouti : stopper l’escalade meurtrière, impliquer la communauté internationale
Publié le 24 décembre 2015 dans Communiqués
Europe Ecologie les Verts alerte vivement les autorités françaises et européennes sur les graves violences politiques en cours à Djibouti.
Depuis le début du mois de décembre, une escalade répressive vise notamment les militants et responsables de la coalition d’opposition dite Union de Salut National (USN). Cette escalade a connu un épisode particulièrement sanglant lundi 21 décembre : la répression meurtrière d’une cérémonie traditionnelle à Balbala dans la périphérie immédiate de Djiboutiville, a fait selon la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (L.D.D.H), au moins 37 morts et plus de 150 blessées par balles. En réaction, une réunion des principaux responsables de l’USN a été interrompue par les forces de l’ordre qui ont tiré à balles réelles et frappé plusieurs participants.
EELV s’inquiète notamment du sort du député Saïd Housein Robleh, très grièvement atteint, du président de l’USN Ahmed Youssouf Houmed, également blessé, et du porte-parole de l’USN Daher Ahmed Farah, victime d’un harcèlement policier particulièrement dur, d’autres étant en détention ou assignés à résidence.
Après avoir revendiqué, preuves à l’appui, la victoire aux élections législatives de février 2013, l’USN avait accepté de signer en décembre 2014 un accordcadre portant notamment sur des « réformes démocratiques » qui prévoyaient, entre autres, l’établissement d’une Commission électorale nationale indépendante (Ceni). A quatre mois des élections présidentielles prévues en avril 2016, ces réformes sont au point mort. Le président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh (au pouvoir depuis 1999) a, au contraire, profité des attentats de Paris pour décréter un état d’urgence, dont le but était de museler encore plus l’opposition. Fort des appuis internationaux que lui confèrent de nombreuses bases militaires internationales (EtatsUnis, France, Allemagne, Italie, Japon, et désormais Chine), il brigue un quatrième mandat en muselant l’opposition de façon meurtrière.
Dans ce contexte, EELV :
- demande au gouvernement français de déposer une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU pour dénoncer la répression politique à Djibouti et missionner une enquête internationale visant à en déterminer les responsabilités ;
- demande aux gouvernements européens qui disposent d’un accès militaire à Djibouti d’agir conjointement pour conditionner le paiement du loyer de leurs bases militaires à l’effectivité des réformes démocratiques ;
- demande à la communauté internationale de s’impliquer pour renouer le fil d’un dialogue politique non violent à Djibouti, en vue de réformes démocratiques effectives et d’élections présidentielles sincères.
Djibouti, petit pays de la corne d’Afrique, souffre de sa relative faiblesse au regard d’une situation géopolitique stratégique.
EELV rappelle qu’il est de l’intérêt et de la responsabilité des pays présents et de la communauté internationale en général, d’éviter qu’aux maux économiques (mauvaise gestion, corruption massive,…) et sociaux (taux de pauvreté relative de près de 80%, taux de chômage dépassant les 50%,…) s’ajoute une crise politique meurtrière. Et qu’il faut, au contraire, accompagner Djibouti vers un développement durable, tant économique que social et politique, gage de mieux être pour la population et de stabilité pour une région déjà menacée.
Julien Bayou, Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux
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Djibouti : la Plateforme panafricaine exige la libération immédiate de tous les prisonniers politiques et le respect des droits de l’opposition politique
Dans la suite logique de sa volonté de « Présidence à vie », le président djiboutien, Ismaël Omar Guelleh, après avoir modifié la constitution en octobre 2010, brigue, quoi qu’il en coûte au peuple djiboutien, un quatrième mandat.
Le contexte sécuritaire international particulièrement tendu de ces dernières semaines suite à différents attentats terroristes a été le prétexte de la prise d’un décret en date du 25 novembre 2015 instaurant l’Etat d’urgence à Djibouti. Après avoir pris le soin d’exclure les députés de l’opposition du « débat parlementaire » et même de l’hémicycle, une loi a été adoptée manu militari ce 30 décembre 2015 par une « assemblée nationale » soumise à l’Exécutif djiboutien.
Cette manoeuvre politicienne traduit la volonté de Ismaël Oumar Guelleh de mettre au pas et dans les rangs tous les citoyens djiboutiens considérés comme « contestataires », de museler l’opposition et d’empêcher toute possibilité d’envisager une alternative politique à son régime dictatorial.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la récente escalade répressive contre les leaders, les militants et les sympathisants de l’opposition politique djiboutienne, regroupée au sein de l’Union pour le Salut National (USN). Comme en attestent les faits graves suivants :
* la police a tiré à balles réelles le lundi 21 décembre sur les participants d’une réunion privée dans la ville de Balbala, en périphérie de Djibouti ville, provoquant vingt-cinq morts et près de 150 blessées. Les personnes visées étaient les membres de la communauté Issa/Yonis Moussa venus célébrer une cérémonie culturelle,
* Le même jour, Abdourahman Mohamed Guelleh dit TX, secrétaire général de l’USN, a été arrêté au cours d’un assaut sanglant mené au domicile du délégué de l’USN aux relations extérieures où se tenait la réu
nion du haut conseil de l’USN et a ensuite été torturé avec d’autres militants de l’USN, avant d’être incarcéré à la prison de Gabode,
* Le président de l’USN Mr Ahmed Youssouf Houmed a été gravement blessé et souffre d’une fracture au col du fémur, l’ancien ministre Mr Hamoud Abdi Souldan et le député USN Saïd Houssein Robleh ont également été blessés au cours de l’assaut. Ils sont depuis lors tous les trois hospitalisés à l’hôpital militaire français Bouffard. Aux dernières nouvelles, deux des trois blessés ont été sortis de l’hôpital pour être interrogés par la police. Par la suite, l’un a été placé en liberté provisoire et l’autre emprisonné. Le troisième blessé, Monsieur Ahmed Youssouf Houmed, président de l’USN, entame sa convalescence à l’hôpital après une opération du col du fémur.
Assuré de l’impunité de ses actes liberticides grâce à la connivence de son régime avec les puissances étrangères (France, Etats Unis, Japon, Chine) qui y font prospérer leurs intérêts (à travers notamment l’installation de bases militaires), le président djiboutien renie ainsi les termes de l’accord-cadre signé avec l’opposition le 30 décembre 2014 portant sur des « réformes démocratiques » qui prévoient, entre autres, la mise en place d’une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et l’adoption d’un statut de l’opposition politique djiboutienne.
C’est ce qui explique qu’actuellement, seul le département d’État américain ait condamné le gouvernement djiboutien sur le massacre de Buldhuqo et demandé la libération immédiate des militants et dirigeants USN arrêtés.
En vue de stopper cette escalade répressive et de contribuer à rétablir un ordre respectueux des droits humains à Djibouti, La Plateforme Panafricaine, élève une vive protestation contre tous les actes barbares perpétrés par le régime du président Ismaël Oumar Guelleh à l’encontre des opposants djiboutiens et demande instamment à l’Union africaine de s’impliquer plus activement en vue de faire appliquer l’accord-cadre sur les réformes démocratiques signé le 30 décembre 2014 entre l’opposition et le gouvernement djiboutien.
Pour la Plateforme Panafricaine
Le Bureau Exécutif
Fait à Paris, le 31 décembre 2015